Mort d'Agathe: accident, suicide ou meurtre? Le mystère reste entier après la découverte du corps de la joggeuse

Qu'est-il arrivé à Agathe Hilairet? Deux jours après la découverte du corps de la joggeuse de 28 ans, disparue pendant son footing le 10 avril dernier, les enquêteurs s'attachent à comprendre dans quelles circonstances la jeune femme a trouvé la mort.
Meurtre, suicide, accident ou mort naturelle... Toutes les pistes sont encore à l'étude, a expliqué le procureur de Poitiers, lundi après-midi: "L'autopsie réalisée ce jour n'a pas permis de déterminer, à ce stade, les causes du décès. Plusieurs analyses complémentaires sont en cours afin de poursuivre les investigations."
Plus de trois semaines après la disparition de la jeune femme, il va falloir composer avec l'état de dégradation du corps. Cette recherche des causes de la mort peut donc être compliquée. "Il a fait chaud, il y a un sous-bois, de l'humidite, une faune qui a pu participer à la dégradation du corps", liste ce mardi matin sur BFMTV Bernard Marc, chef de service de l'unité médico-judiciaire au Grand hôpital de l'Est francilien.
Un suicide?
Des prélèvements vont être effectués sur le corps, notamment pour pouvoir "fermer les portes les unes après les autres", explique Bernard Marc. À ce titre, les médecins légistes vont réaliser des analyses toxicologiques. "Est-ce que la personne était sous l'effet d'un produit quelconque? Les prélèvements faits lors de la première autopsie vont être traités pour pouvoir les analyser", détaille-t-il.
Alors que les proches d'Agathe Hilairet semblaient indiquer que la jeune femme ne présentait pas de tendance suicidaire, cette hypothèse n'a pas non plus été totalement exclue par les enquêteurs.
Selon François Daoust, ancien directeur du pôle de la gendarmerie sur BFMTV lundi, la jeune femme aurait pu dans ce cas s'écarter de son itinéraire habituel avec "le désir de ne pas être vue morte, être dans un endroit pour se donner un dernier moment de réflexion".
L'intervention d'un tiers?
La piste de l'intervention d'un tiers n'est pas non plus écartée. Si les enquêteurs n'ont pas perçu, à l'œil nu, de traces de violences sur le corps de la joggeuse, ces analyses plus poussées doivent permettre aux enquêteurs de vérifier si le corps ne présente pas de lésions plus profondes ou de corps étrangers, indique encore Bernard Marc.
En outre, les légistes vont également devoir s'assurer qu'il n'y a pas de traces de violence sexuelle sur le corps de la jeune femme.
À cela s'ajoute le fait que l'endroit où la joggeuse a été découverte sans vie lundi n'était pas sur le trajet qu'elle avait l'habitude d'emprunter lors de ses courses. L'hypothèse selon laquelle le corps a été déplacé par quelqu'un est donc aussi à l'étude, et c'est là aussi aux médecins légistes d'éclaircir la question.
"Ça fait partie des examens complémentaires. (...) Il va falloir aussi que les techniciens d'investigation criminelle creusent pour (déterminer) si le corps a eu sa dégradation à cet endroit, où si le corps a pu être déplacé, bougé", détaille encore Bernard Marc, qui précise que ces analyses devraient prendre du temps.
Selon Jean-Charles Fombonne, ancien commandant de la section de recherches d'Orléans, invité sur BFMTV lundi, "la seule piste qui pouvait être écartée était celle d'une mort par arme à feu". Ce dernier nuance toutefois, précisant que "compte tenu de la corpulence de la victime, la balle aurait pu traverser le corps, sans une trace".
Un accident ou une mort naturelle?
Enfin, la jeune femme peut avoir succombé après un accident, ou bien de mort naturelle. La joggeuse a pu être victime par exemple d'un AVC. Mais dans ce cas, difficile pour les enquêteurs d'en retrouver la trace à partir du corps.
"Le cerveau va avoir fondu, va être en déliquescence", ce qui rend la détection d'un AVC plus difficile, indique Bernard Marc.
Même bilan pour les arrêts cardiaques: ceux-ci ne se détectent pas obligatoirement lors de l'autopsie.
Au-delà des recherches autour de la cause du décès, les enquêteurs doivent aussi déterminer le moment précis où la jeune femme est morte. Sur ce volet, plusieurs techniques peuvent être utilisée, comme l'entomologie, c'est-à-dire l'étude des insectes présents sur et dans le corps.
"Tout ça, c'est du temps, de l'analyse", conclut le médecin, qui estime que les résultats ne pourraient tomber que d'ici quelques jours, voire des semaines.