Migrants: la maire de Calais s'engage dans un bras de fer avec le Conseil d'Etat

Natacha Bouchart, maire LR de Calais, le 22 mars 2017 durant une conférence de presse. - Philippe Huguen - AFP
La maire Les Républicains de Calais, Natacha Bouchart, a affirmé lundi qu'elle ne donnerait "pas suite aux injonctions" du Conseil d'État, qui a ordonné des mesures d'aide aux migrants, comme la création de points d'eau ou de sanitaires.
"La décision de justice du Conseil d'État est une injustice pour les Calaisiens, car elle les met de nouveau sous la menace de la recréation d'une énième 'jungle'. Aussi, en l'absence de politique nationale et européenne offrant une solution globale de maîtrise de l'immigration, la Ville de Calais ne donnera pas suite aux injonctions qui lui ont été faites", annonce-t-elle dans un communiqué.
"Je ne puis accepter de mettre en place des installations qui réuniraient à nouveau les conditions de création de campements, de bidonvilles, et de points de fixation. En réalité, il m'apparaît que la solution consistant à venir en aide aux migrants suppose avant tout leur départ vers des centres adaptés, et c'est à l'État d'avoir une réponse claire à ce sujet", a ajouté la maire de Calais, assurant qu’ainsi, elle "protège la population calaisienne".
L'élue locale a réaffirmé à l’AFP qu'elle s'opposerait "à tout dispositif" et que le préfet, qui "va rencontrer les associations cette semaine", devra donc "réquisitionner". "Je prends un risque, très certainement. Dans la vie, il faut prendre des risques", a-t-elle encore lancé.
100 euros d'amende par jour pour Calais
La municipalité devra de plus payer 100 euros d’amende par jour, que Natacha Bouchart "préfère payer plutôt que d’encourager une situation qui mènerait à 10.000 migrants à Calais dans un an", a-t-elle indiqué dans La Voix du Nord. De l'argent prélevé sur le budget de la Municipalité.
Elle a également souligné que l'annonce lundi par le gouvernement de l'ouverture de deux centres pour migrants à environ 85 km de Calais serait "favorable pour Calais" et permettrait de les "accueillir dans des conditions humanitaires".
Le Conseil d'État a donné lundi son feu vert à l'ordonnance du tribunal administratif de Lille qui, s'il avait écarté le 26 juin la création d'un nouveau centre d'accueil d'urgence pour migrants à Calais, avait ordonné à l'État et à la commune de mettre en place des mesures pour leur venir en aide, comme la création de points d'eau, de douches mobiles et de sanitaires.
"Il s’agit d’une décision du Conseil d’État, et il demande de ne pas infliger de traitement inhumain ou dégradant. Qu’une personnalité politique contredise cela me semble paradoxal", a réagi auprès de La Voix du Nord Christian Salomé, président de l’association L’Auberge des migrants.