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Police-Justice

Meurtres, règlements de comptes, pourquoi Marseille est-elle autant touchée?

Pendant le mois d'août, six personnes ont été tuées par balles.

Pendant le mois d'août, six personnes ont été tuées par balles. - Bertrand Langlois - AFP

Deux hommes sont morts dans la soirée de mercredi à jeudi à Marseille et Marignane. A chaque fois, les victimes ont été visées par des tirs d'armes lourdes. Deux nouveaux crimes qui font monter à six le nombre de personnes tuées depuis le début du mois d'août.

Deux crimes à quelques heures d'intervalles. Les Bouches-du-Rhône ont encore été encore une fois le théâtre de violences qui ont provoqué la mort de deux personnes. Mercredi soir, c'est d'abord un homme âgé d'une quarantaine d'années qui a été abattu de plusieurs balles dans le XIIIe arrondissement de Marseille. Vers une heure du matin, une deuxième victime était découverte devant un pavillon à Marignane. On lui a tiré au moins une balle en pleine tête.

Après cette nuit particulièrement meurtrière, le nombre d'homicides sur le département des Bouches-du-Rhône s'élève à 23 en 2016. Rien que depuis le mois d'août, six personnes ont été abattues. Dans la plupart des cas, ces meurtres sont le résultat de règlements de comptes en lien avec le trafic de drogue généralement menés par des hommes armés de Kalachnikov. Rien ne permet toutefois de l'affirmer concernant le dernier crime qui s'est déroulé à Marseille.

Moins de délinquance et plus de règlements de comptes

"Rien ne laisse penser qu'il s'agit d'un règlement de comptes", confirme à l'AFP une source policière locale. Ce père de famille de 39 ans n'était pas connu des services de police et de la justice. Touché de sept à huit reprises, le profil de cette victime ne correspond pas à celui des autres personnes visées dans le cadre d'un règlement de comptes lié au trafic de drogue, tant par son âge, que sa situation familiale ou encore la géographie de son domicile.

Sur l'année 2015, la délinquance à Marseille et dans les Bouches-du-Rhône avait fortement baissé. Toutefois, le nombre de règlements de comptes tendait à stagner avec 21 faits au cours desquels 19 personnes avaient trouvé la mort. Un chiffre déjà dépassé au mois d'août. Les homicides avaient quant à eux connu une augmentation importante de 14,3% faisant passer leur nombre de 56 à 64 entre 2014 et 2015. Le taux d'élucidation lui a plus que doublé en trois ans.

De grosses affaires résolues

Dans les Bouches-du-Rhône, il est ni plus ni moins difficile de se procurer une Kalachnikov - l'arme devenue la marque des règlements de comptes - qu'en région parisienne, par exemple. C'est alors dans le travail des autorités que se trouverait l'explication de cette violence aggravée depuis le début de l'année 2016. "Les policiers locaux ont fait de grosses affaires en remontant plus haut dans les réseaux de drogue, analyse Laurent Mucchielli, sociologue et directeur de recherche au CNRS. Ils déstabilisent une part plus importante du système, ce qui provoque des règlements de comptes".

Car dans ce "milieu très concurrentiel" du trafic de drogue, et dans une guerre de territoire, certains veulent la place de ceux qui sont en prison. A l'inverse, ces derniers veulent conserver leur mainmise ou encore se venger de ceux qui auraient pu les laisser tomber. "Il suffit de deux grosses affaires pour faire augmenter le nombre de morts", confirme le sociologue qui souhaite nuancer ce bilan qui se chiffre en dizaines.

Justine Chevalier