Bouches-du-Rhône: 24 narchomicides recensés en 2024, une baisse loin d'apaiser les inquiétudes

En 2024, 24 personnes ont été victimes de narchomicides dans les Bouches-du-Rhône, un terme utilisé pour désigner les homicides liés aux trafics de stupéfiants. C'est moitié moins que l'an dernier, où 48 narchomicides avaient été recensés dans le département, selon les données collectées par BFM Marseille Provence.
Des chiffres, qui tendent à rassurer les pouvoirs publics, mais qui restent bien trop importants pour les familles des victimes.
"C'est 24 personnes de trop qui ont été tuées cette année", lance au micro de BFM Marseille Provence, Laeticia Linon, porte-parole du collectif des familles de victimes à Marseille.
Elle souligne toutefois du mieux vis-à-vis des rivalités qui ont été les plus meutrières en 2023: "on sait qu'il y a un climat de violence qui a été peut-être abaissé par rapport à la guerre aux deux clans des Yoda et des DZ."
Mais selon la porte-parole, Marseille est loin de l'apaisement et de la fin des violences. "On voit qu'il y a de plus en plus de mineurs qui tuent", rappelle-t-elle. En octobre dernier par exemple, un chauffeur VTC a été tué par balle dans sa voiture à la Belle-de-Mai. Nessim a été abattu par erreur par un tueur à gage de 14 ans.
L'adolescent, actuellement en détention provisoire, avait été recruté sur les réseaux sociaux pour assassiner un membre d'un réseau criminel.
Des actions fortes contre des réseaux 2.0
Dans la guerre contre la drogue en 2024, les autorités ont intensifié leurs actions et continuent de faire pression. Les moyens déployés ont été fortement accentués, avec des renforts de police réguliers et de grandes opérations d'envergure, notamment le début des "places nettes XXL" au sein de la cité phocéenne en mars dernier.
Dans les Bouches-du-Rhône, plus de 3.000 personnes ont ainsi été interpellées cette année, soit une hausse de 42% en un an (1740 interpellés en 2023).
Ces actions visent notamment à faire face à l'ascension de la DZ Mafia. Entre extorsion et intimidation, sur fonds de communication bien rodée, l'organisation criminelle marseillaise révolutionne sans cesse le narcobandistime, et les pouvoirs publics doivent suivre.
"Vous avez des réseaux qui sont de plus en plus puissants, de plus en plus médiatisés, médiatiques, qui font de plus en plus attention à leur image", explique maître Daniel Barrionuevo, avocat au barreau d'Aix-en-Provence. "Ce sont des réseaux qui n'ont jamais généré autant d'argent. Quand on regarde les chiffres, sur une année, c'est 3,5 milliards d'euros."
"D'un côté, vous avez un nombre de narchomicides qui baissent, mais d'un autre côté vous avez des réseaux qui se sont renforcés aujourd'hui", résume l'avocat.
Gérald Darmanin à Marseille ce jeudi
Le ministre de la Justice Gérald Darmanin va se rendre à Marseille ce jeudi 2 janvier, moins de deux mois après le déplacement de son prédécesseur, qui avait érigé avec Bruno Retailleau la lutte contre le narcotrafic en "cause nationale".
Si Gérald Darmanin vient pour la première fois avec sa casquette de garde des Sceaux, il est régulièrement passé par la cité phocéenne lorsqu'il était installé place Beauvau pour évoquer des sujets communs aux deux ministères, telle que la lutte contre le trafic de drogue et le narcobanditisme.
Désormais ministre de la Justice, il a dès sa prise de poste plaidé pour un isolement renforcé des narcotrafiquants en prison. Gérald Darmanin a demandé à l'administration pénitentiaire de lui dresser la liste des "100 plus grands narcotrafiquants écroués, ceux susceptibles d'avoir des contacts à l'extérieur pour poursuivre leurs activités criminelles".