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Mort de Nessim Ramdane à Marseille: le tueur à gages de 14 ans a tiré "accidentellement" et se dit "désolé"

La rue Léon Gozlan, à Marseille, où un homme a été retrouvé mort tué par balle le 4 octobre 2024.

La rue Léon Gozlan, à Marseille, où un homme a été retrouvé mort tué par balle le 4 octobre 2024. - BFM Marseille Provence

L'avocate du tueur à gages de 14 ans, suspecté d'avoir tué Nessim Ramdane à Marseille, a pris la parole pour la première fois. Elle évoque un enfant "placé dès 9 ans", dont les parents sont en prison. Aux policiers, ce dernier aurait indiqué avoir tiré "accidentellement".

Elle l'a assisté cinq heures après les faits. Coline Grindel, avocate pénaliste au barreau de Marseille, qui défend le jeune tueur à gages de 14 ans, accusé d'avoir tué Nessim Ramdane d'une balle dans la tête le 4 octobre dernier dans la cité phocéenne, prend la parole pour la première fois.

Auprès de nos confrères de La Provence, elle a évoqué la vie de son client, le contrat de "50.000 euros" pour assassiner un membre d'un clan adverse, mais aussi les faits.

Il explique avoir tiré "accidentellement"

Interpellé rapidement après les faits, survenus dans la nuit du 3 au 4 octobre, le jeune adolescent de 14 ans s'est confié aux policiers lors de sa garde à vue de 48 heures. "Il a coopéré pleinement avec la police dès le départ", appuie Me Coline Grindel.

Devant les enquêteurs, il a confirmé avoir accepté un contrat, proposé par un commanditaire suspecté, détenu à la prison d'Aix-Luynes, sur le réseau social Snapchat. "Il a déclaré que le montant de ce contrat était de 50.000 euros", confirme également son avocate.

Elle insiste toutefois "sur la notion de contrainte" et "les graves menaces" dont il a pu faire l'objet dans la réalisation de ce contrat.

Une somme pour assassiner un membre d'une bande adverse, que le commanditaire accusait d'avoir participé au meurtre d'un adolescent de 15 ans lardé de "50 coups de couteau" et brûlé vif quelques jours avant.

Sauf que, "complètement paniqué", le jeune homme de 14 ans a tué le chauffeur d'un VTC, qui devait -sans aucune connaissance des faits- emmener le tueur à gages sur les lieux de l'assassinat. Selon Coline Grindel, il a "expliqué aux policiers que le tir était parti accidentellement (...) et pensait que la balle avait atteint l'épaule."

"C'est d'ailleurs le policier qui l'a entendu qui lui a expliqué le fonctionnement de son arme", ajoute le conseil. Elle indique que son client a "exprimé des remords". "Il a dit qu'il était désolé", poursuit-elle.

Un enfant placé à l'âge de 9 ans

Alors que le procureur de la République de Marseille Nicolas Bessone avait évoqué un "amateurisme effrayant", Coline Grindel confirme ses propos. "Il n'avait jamais utilisé d'arme auparavant", explique-t-elle. "Ce n'est pas un tueur de sang-froid qu'on essaye de décrire depuis plusieurs jours."

Puis le conseil en a profité pour évoquer la vie de ce jeune garçon. "Il a été placé dès l'âge de 9 ans dans un foyer", précise Corine Grindel. Ses deux parents sont "en détention pour des affaires liées au trafic de stupéfiants".

L'avocate décrit un cadre familial "pas très fonctionnel" repéré par l'Etat, qui a placé l'enfant. "Il était censé être tracé par l'Aide sociale à l'enfance et avant les faits, il aurait dû être en centre éducatif fermé à Avignon", ajoute Me Coline Grindel.

Depuis le mois d'août, ce dernier était en "fugue". Il avait été hébergé dans un camp de gens du voyage qui "l'ont fait travailler sur un point de deal", précise son conseil, qui se questionne.

"Comment un enfant placé, à la charge de l'État, peut se retrouver en fugue pendant un mois et demi, dans une errance totale, jusqu'à s'inscrire dans la criminalité?"

Le tueur présumé de Nessim Ramdane a été placé en détention provisoire "pendant six mois" dans un quartier reservé aux mineurs. "Il a été écarté de Marseille pour sa sécurité", précise l'avocate. Si elle ne lui a pas rendu visite, elle admet avoir prévu de le faire "dès la semaine prochaine."

Martin Regley Journaliste