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Masque sur les yeux, hélicoptère, GIGN... Comment s'est déroulée l'extraction de Mohamed Amra

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Mohamed Amra est auditionné ce mercredi 11 juin au tribunal judiciaire de Paris concernant son évasion meurtrière de mai 2024. Extrait de sa cellule à Condé-sur-Sarthe au matin, il a été transporté jusqu'à Paris en hélicoptère, puis dans un convoi routier. Un dispositif hautement sécurisé a été déployé.

Un transport sous très haute protection. Mohamed Amra a été extrait de sa cellule au sein de la prison de Condé-sur-Sarthe (Orne), ce mercredi 11 juin au matin. Il est interrogé par des juges d'instruction de la Juridiction nationale de lutte contre le crime organisé (Junalco), au tribunal de Paris.

Au regard du passé du détenu, ce transport a nécessité un dispositif de sécurité hors-norme: en mai 2024, Mohamed Amra avait pris la fuite lors d'une première extraction, à l'aide de complices, au niveau du péage d'Incarville. Deux agents pénitentiaires avaient été tués, et trois autres ont été grièvement blessés. Il avait finalement été interpellé neuf mois plus tard à Bucarest, en Roumanie.

Pour éviter qu'un tel événement se reproduise, le GIGN a été mobilisé ce mercredi pour encadrer cette nouvelle extraction.

Casque anti-bruit et masque sur les yeux

Tôt ce mercredi matin, l'homme a été extrait de sa cellule, puis a pris place à bord d'un hélicoptère de la Gendarmerie nationale, qui a décollé vers 7h30 de Condé-sur-Sarthe. Après avoir atterri sur la base aérienne de Velizy-Villacoublay (Yvelines), Mohamed Amra a été escorté en 4x4 dans un convoi routier du GIGN, plusieurs motards de la gendarmerie encadrant également le véhicule.

Le convoi a roulé sur une vingtaine de kilomètres, jusqu'au tribunal judiciaire de Paris, où il est arrivé vers 9h30. Les rues adjacentes au tribunal avaient été préalablement bloquées pour son arrivée.

Lors de cette extraction, à l'aller comme au retour, Mohamed Amra revêt un casque anti-bruit sur les oreilles, ainsi qu'un masque sur les yeux, a appris BFMTV d'une source proche de l'enquête, confirmant une information de l'AFP. Le but: le couper au maximum de toute information sur le transport.

"Le but est d'éviter qu'il n'entende des ordres, des prénoms, des noms, ou toute autre information que pourraient échanger les forces du GIGN qui l'escortent", indique cette source à BFMTV.

Refus de répondre

Le narcotrafiquant devait être entendu par les trois juges d'instruction en charge de l'enquête sur son évasion meurtrière, le 14 mai 2024. C'est son tout premier interrogatoire. Néanmoins, le narcotrafiquant a refusé de répondre aux questions qui lui étaient posées.

"Monsieur Amra s'en est tenu à de simples déclarations au cours de cet interrogatoire", a précisé Me Lucas Montgnier, son avocat, à BFMTV. Ce dernier a justifié cette décision, expliquant que "l'absence de confidentialité" lors des échanges avec son client en détention n'avaient pas permis de préparer son audition.

Une extraction critiquée

L'annonce de l'extraction de prison de Mohamed Amra avait suscité une levée de boucliers, aussi bien au ministère de l'Intérieur qu'au sein des syndicats pénitentiaires. Ces derniers plaidaient pour que les juges d'instruction se déplacent en personne pour interroger Mohamed Amra, sans que celui-ci n'ait à sortir de sa cellule.

"Je comprends tout à fait l'émotion", avait commenté en réaction la procureure de Paris, Laure Beccuau, invitée sur RMC-BFMTV vendredi 6 juin. "L’idée qu’on extrait Mohamed Amra, c’est la reviviscence de ce qu’on a vécu à Incarville. Moi, je le comprends. Les juges mobilisés durant un an, le comprennent évidemment aussi."

Selon elle, cette extraction répondait à un souci d'efficacité et de rapidité, les juges d'instruction ayant des scellés à présenter au détenu lors de cet interrogatoire. "Ils veulent que le dossier avance vite", avait expliqué Laure Beccuau, précisant que des "scellés" et des éléments devaient être présentés à Mohamed Amra. "Vous n'imaginez pas que les juges vont se déplacer avec tout ça", avait-elle ajouté.

Fin février, Amra a été mis en examen dans le cadre de son évasion pour "meurtres en bande organisée", "tentative de meurtres en bande organisée", "évasion en bande organisée", "vol en bande organisée", "recel de vol en bande organisée" et "association de malfaiteurs". Au total, une quarantaine de personnes sont mises en examen dans ce dossier tentaculaire.

Alexandra Gonzalez, Boris Kharlamoff, avec Elisa Fernandez