Le narcotrafiquant Mohamed Amra a été extrait de prison par hélicoptère pour être interrogé à Paris

La décision avait divisé au sein même du gouvernement. Le narcotraficant Mohamed Amra, surnommé "La Mouche", a été extrait ce mercredi 11 juin vers 7h30 par hélicoptère de sa prison ultrasécurisée de Condé-sur-Sarthe (Orne), pour être entendu par des juges d'instruction de la Juridiction nationale de lutte contre le crime organisé (Junalco). Il est arrivé au tribunal de Paris peu avant 9h30.
Durant son extraction aller et retour, Mohamed Amra porte un casque anti-bruit sur les oreilles et a un masque sur les yeux pour n'avoir aucune information sur le transport, a appris BFMTV de source proche de l'enquête, confirmant une information de l'AFP.
"Le but est d'éviter qu'il n'entende des ordres, des prénoms, des noms, ou toute autre information que pourraient échanger les forces du GIGN qui l'escortent", indique cette source à BFMTV.
L'annonce de cette extraction avait provoqué l'indignation des syndicats pénitentiaires. Et pour cause: c'est lors d'une précédente extraction du multirécidiviste détenu pour d'autres affaires judiciaires que deux agents pénitentiaires ont été tués et que trois ont été grièvement blessés le 14 mai 2024.
Mohamed Amra se trouvait dans un fourgon pénitentiaire au péage d'Incarville, dans l'Eure, quand un commando l'a libéré dans une attaque ultraviolente. Il est ensuite parti en cavale pendant neuf mois, jusqu'à son arrestation le 22 février à Bucarest en Roumanie.

Colère des syndicats pénitentiaires
Les syndicats plaidaient plutôt pour un déplacement dans la prison de Condé-sur-Sarthe des juges d'instruction de la Junalco ou une audition en visioconférence. Le ministre de l'Intérieur Bruno Retailleau a également fait part de ses réserves, estimant sur RTL que "faire sortir des types aussi dangereux d'une prison, ce sont des risques majeurs".
"Il faut que nous nous y adaptions et qu'on attende soit que le juge se déplace, soit qu'il y ait une visioconférence", avait-il déclaré.
Son homologue au ministère de la Justice, Gérald Darmanin, s'était dit quant à lui dit certain "qu'il ne se passera rien" lors du déplacement, assuré par le GIGN. Le ministère de l'Intérieur, "qui aura la responsabilité de ce transfert, le fait dans de magnifiques conditions, que ce soit le GIGN ou le RAID", avait-il assuré.
Les magistrats agacés par les "mises en cause infondées"
Dans un communiqué adressé à l'AFP, Me Lucas Montagnier, un des avocats de Mohamed Amra, a souligné que l'extraction a été "décidée dans le strict respect de la législation en vigueur".
Les magistrats, eux, ont été agacés par les "mises en cause infondées", à l'image de la procureure de Paris, Laure Beccuau. Si les juges ont choisi de le faire venir la semaine prochaine au tribunal judiciaire de Paris, c'est "parce qu'ils veulent désormais que le dossier avance vite", a-t-elle affirmé sur BFMTV.
"Ça sera la première audition de Mohamed Amra (...) Ça va être le temps de ses premières déclarations. On va peut-être lui opposer des pièces de procédure, des scellés. Il faut qu'il soit enregistré", a-t-elle expliqué.
"Lorsqu'on parle de Mohamed Amra, l'idée qu'on l'extraie pour le faire voyager dans un véhicule pénitentiaire, c'est la reviviscence de l'attaque effroyable d'Incarville", avait-elle toutefois reconnu.