"Vous ne les imaginez pas se déplacer avec l'intégralité des scellés": des magistrats défendent l'extraction de Mohamed Amra de prison

"Lorsque l'on parle de Mohamed Amra, l'idée qu'on l'extrait pour le faire voyager dans un véhicule pénitentiaire, c'est la reviviscence de l'attaque d'Incarville", reconnaît Laure Beccuau .
La procureure de la République de Paris a indiqué ce vendredi 6 juin sur BFMTV/RMC comprendre l'émotion provoquée par l'annonce du transfèrement prochain du narcotrafiquant Mohamed Amra depuis sa prison de Condé-sur-Sarthe, dans l'Orne pour qu'il soit interrogé par des juges d'instruction de la Juridiction nationale de lutte contre le crime organisé à Paris.
Une décision vivement critiquée par les syndicats des agents pénitentiaires mais aussi par Dominique Garcia, le père d'Arnaud Garcia, l'un des agents pénitentiaires tués qui s'est dit au micro de BFMTV "outré" par l'extraction de Mohamed Amra.
Une vision partagée par le ministre de l'Intérieur, Bruno Retailleau. Le résident de la place Beauvau avait demandé, ce mercredi 4 juin sur RTL, que "soit le juge se déplace soit qu'il y ait une visioconférence" pour limiter les risques pour les forces de l'ordre.
Le besoin de conditions d'audition optimales
Malgré ces critiques, la procureure soutient le choix des magistrats d'extraire le narcotrafiquant de sa cellule. Une extraction effectuée afin que "le dossier avance vite", explique Laure Beccuau.
"Cette réquisition d'extraction (...) sera la première audition de Mohamed Amra", poursuit la procureure de Paris. "On va peut-être lui opposer des pièces de procédure, des scellés, il faut qu'il soit enregistré, vous n'imaginez évidemment pas trois magistrats se déplacer avec l'intégralité des scellés de procédure de cet homme. Et il faut aussi des conditions d'audition sur un interrogatoire qui va durer longtemps", précise-t-elle.
Concernant les autres auditions à venir, la procureure ne sait pas si elles vont pouvoir avoir lieu dans la prison.
"Si l'acte suivant est de confronter Mohamed Amra à ses complices qui sont soupçonnés de l'avoir aidé dans l'attaque du péage d'Incarville, il y aura: Mohamed Amra, son avocat, minimum quatre personnes, leurs avocats, les escortes, les trois juges d'instruction, les greffiers, une caméra qui doit filmer tout le monde, je ne connais pas les conditions d'audition à la prison de Condé-sur-Sarthe, mais je doute qu'il y ait une pièce qui soit faite à cet effet", estime Laure Beccuau.
"Des mises en causes infondées"
Dans un communiqué, publié ce jeudi 5 juin, le premier président de la cour d'appel de Paris a aussi assuré sa "pleine confiance" envers les magistrats instructeurs en charge de la procédure visant l’attaque du péage d’Incarville, qui a coûté la vie à deux surveillants pénitentiaires, durant laquelle Mohamed Amra s'était échappé. Il a déploré aussi des "mises en cause infondées visant ces magistrats qui sont de nature à fragiliser les investigations en cours et à déstabiliser l’institution judiciaire".
"Ces magistrats très expérimentés conduisent leurs investigations dans le cadre des règles applicables et sous le contrôle de la chambre de l’instruction de la cour d’appel de Paris", est-il écrit dans le communiqué.
"Le premier président rappelle enfin que les investigations et actes réalisés par ces magistrats sont couverts par le secret de l’instruction et que les violations constatées donneront lieu à un signalement au parquet de Paris sur le fondement de l’article 40 du code de procédure pénale", conclut le communiqué du premier président de la cour d'appel de Paris.