Mohamed Amra extrait de prison: les syndicats pénitentiaires fustigent un "scandale et une trahison"

Le trafiquant de drogue français Mohamed Amra est escorté par des policiers à l'aéroport international Henri Coanda d'Otopeni, près de Bucarest, en Roumanie, le 25 février 2025, où il a été placé dans un avion en vue d'être extradé vers la France. - Octav Ganea / AFP
Arrêté en février en Roumanie après une cavale de neuf mois, le narcotrafiquant Mohamed Amra doit être extrait "la semaine prochaine" de sa prison de Condé-sur-Sarthe (Orne) pour être interrogé, a appris BFMTV, auprès d'une source proche du dossier.
Pour ce faire, l'ancien fugitif sera transféré de la Normandie jusque dans le bureau des juges d'instruction de la Juridiction nationale de lutte contre le crime organisé, au tribunal de Paris.
"Nous n'avons pas retenu les erreurs du passé"
Un transfèrement depuis une prison qui réveille les cicatrices dans la famille des surveillants pénitentiaires. C'est lors d'une précédente extraction de Mohamed Amra, déjà détenu pour d'autres affaires judiciaires, que deux agents pénitentiaires ont perdu la vie, le 14 mai 2024 lors d'une attaque de fourgon au niveau du péage d'Incarville permettant l'évasion de Mohamed Amra.
"C'est un scandale, une trahison! Ça va nous coûter un pognon de dingue et mettre les agents en danger. Nous n'avons pas retenu les erreurs du passé. On aurait voulu que la juge se déplace. On souhaite que la visio soit généralisée, encore plus pour lui", déclare à BFMTV Yoan Kara, Secrétaire Général Adjoint du Syndicat National FO Justice.
Une pensée partagée par Wilfried Fonck, secrétaire national Ufap Unsa Justice. "C'est incompréhensible et inadmissible envers nos collègues morts et blessés à Incarville", a-t-il cinglé auprès de nos confrères de l'AFP.
De son côté, l'avocat de Mohamed Amra, Me Lucas Montagnier, souligne auprès de BFMTV que "cette mesure est décidée dans le strict respect de la législation en vigueur".
"Les magistrats professionnels en charge de l’information judiciaire ont estimé qu’il était nécessaire que l’interrogatoire de Monsieur Amra se tienne en présentiel, décision que ses avocats ne peuvent qu’approuver", ajoute-t-il.
Des conditions de sécurité "hors normes"
Interrogé ce mardi soir sur la future extraction Mohamed Amra, Gérald Darmanin s'est voulu rassurant sur le dispositif de sécurité mis en place pour l'encadrer.
"Il y aura des conditions de sécurité hors normes pour permettre au juge d'instruction de l'interroger. La loi narcotrafic qui devrait entrer en vigueur en juin permettra, demain, de le faire en visio. Et empêchera dans la plupart ces efforts d'argent pour ces messieurs qui ne le méritent pas", a déclaré sur TF1, le garde des Sceaux, sans détailler le dispositif déployé.
"Le ministère de l'Intérieur le fait dans de magnifiques conditions. Le Raid et le GIGN sont composés d'hommes et de femmes d'un très grand courage. Je sais qu'il ne se passera rien", a-t-il ajouté.
Mohamed Amra est soupçonné d'avoir tenté plusieurs fois de s'évader, avant le drame d'Incarville: quelques jours plus tôt, déjà, deux tentatives d'évasion avaient avorté. Dans le dossier de l'évasion dans l'Eure de Mohamed Amra, 38 personnes, dont le narcotrafiquant, sont mises en examen.
Contactées par BFMTV, la Chancellerie et la direction de l'administration pénitentiaire n’ont pas souhaité faire de commentaires.