Évasion de Mohamed Amra: la procureure de Paris reconnaît de possibles "manquements" sur l'analyse du criminel

Un an après l'attaque du fourgon qui a fait deux morts à Incarville (Eure), Laure Beccuau, procureure de Paris, revient sur une affaire qui a secoué les services de renseignement. Auprès de France 3, elle fait état de failles pour identifier la dangerosité de Mohamed Amra.

Un an après l'attaque du fourgon transportant Mohamed Amra, au péage d'Incarville (Eure), tuant deux surveillants pénitentiaires, Laure Beccuau, procureure de Paris, est revenue sur cette affaire. Auprès de France 3 Normandie, elle estime que des "manquements" sont survenus dans l'analyse du profil du criminel.

Des "manquements" sur l'analyse d'Amra

La procureure de Paris a confirmé qu'il est nécessaire "d'améliorer notre capacité d'analyse des profils qui, dans un premier temps, apparaissent comme en bas du spectre".

Dans le cas de Mohamed Amra, condamné 13 fois pour des faits autres que celui de la criminalité organisée, "il y a pu y avoir des manquements dans l'analyse" de son profil, car il était mis en examen sur plusieurs points du territoire dans des dossiers "qui auraient pu induire un questionnement plus aigu".

La Junalco, la Juridiction nationale de lutte contre la criminalité organisée, est actuellement engagée dans une meilleure observation des individus pour identifier ceux qui émergent, confirme-t-elle.

Une violence "décomplexée"

Un après les faits, la procureure de Paris estime qu'il existe "incontestablement" un avant et un après Mohamed Amra, caractérisé par "une prise de conscience généralisée du danger que constitue la criminalité organisée".

Elle rappelle cependant que de nombreux magistrats et enquêteurs ont déjà alerté sur le développement de ces structures illégales depuis plusieurs années.

L'autre constat est celui d'une "ubérisation" de la criminalité organisée: Laure Beccuau indique que de plus en plus d'individus n'hésitent pas à recruter d'autres personnes par l'intermédiaire des réseaux sociaux.

Elle évoque également une "violence totalement décomplexée" à l'égard des citoyens. "Elle peut toucher toute personne considérée comme un obstacle", indique Laure Beccuau, qu'il s'agisse d'agents de police, d'agents pénitentiaire ou de magistrats.

Cette affaire en est la preuve, avec la mort de Fabrice Moello et Arnaud Garcia, présents au sein du véhicule qui transportait Mohamed Amra au moment de son évasion. Le 14 mai 2025, une plaque a été installée au péage d'Incarville pour leur rendre hommage.

Mélanie Hennebique