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Mohamed Amra: le narcotrafiquant extrait de prison pour être interrogé "la semaine prochaine"

Mohamed Amra à l'aéroport de Bucarest (Roumanie) avant d'être rapatrié par avion en France le 25 février 2025

Mohamed Amra à l'aéroport de Bucarest (Roumanie) avant d'être rapatrié par avion en France le 25 février 2025 - Octav Ganea © 2019 AFP

Le narcotrafiquant devrait sortir de sa prison pour être interrogé "la semaine prochaine", a indiqué, ce mardi 3 juin, son avocat.

Arrêté en février après une cavale de neuf mois, Mohamed Amra doit être extrait "la semaine prochaine" de sa prison ultrasécurisée pour être interrogé, a appris BFMTV, auprès d'une source proche de dossier et l'AFP auprès de son avocat, confirmant une information du Parisien.

L'interrogatoire du narcotrafiquant doit se tenir dans le bureau des juges d'instruction de la Juridiction nationale de lutte contre le crime organisé, au tribunal de Paris.

Invité de TF1 ce mardi soir, Gérald Darmanin a confirmé l'information, évoquant des "conditions de sécurité tout à fait hors normes".

"Le ministère de l'Intérieur qui aura la responsabilité de ce transfert le fait dans de magnifiques conditions. Que ce soit le GIGN ou le RAID ce sont des hommes et des femmes d'un très grand courage et je sais qu'il ne se passera rien que la sécurité et l'autorité de l'Etat", a ajouté le ministre de la Justice.

Les syndicats indignés

Cette extraction suscite l'indignation de syndicats pénitentiaires. Car c'est lors d'une précédente extraction de Mohamed Amra, déjà détenu pour d'autres affaires judiciaires, que deux agents pénitentiaires ont perdu la vie, le 14 mai 2024 et que trois autres ont été grièvement blessés.

Extrait, Mohamed Amra, originaire de Seine-Maritime et surnommé "La Mouche", se trouvait dans un fourgon pénitentiaire au péage d'Incarville (Eure) quand un commando l'a alors libéré dans une attaque ultraviolente. Mohamed Amra était ensuite parti en cavale pendant neuf mois, mais a été retrouvé et arrêté le 22 février à Bucarest en Roumanie.

"Nous sommes outrés et scandalisés de cette extraction judiciaire", a réagi auprès de l'AFP Wilfried Fonck, secrétaire national Ufap Unsa Justice, déplorant que le "principe du recours à la visioconférence" soit "bafoué".

"Si l'on peut comprendre les nécessités de l'instruction et de la présence physique de l'individu, le magistrat aurait très bien pu se déplacer sur son lieu d'incarcération" à Condé-sur-Sarthe (Orne), a-t-il estimé.

"C'est incompréhensible et inadmissible envers nos collègues morts et blessés à Incarville", a-t-il insisté.

De son côté, l'avocat de Mohamed Amra, Me Lucas Montagnier, souligne auprès de BFMTV que "cette mesure est décidée dans le strict respect de la législation en vigueur".

"Les magistrats professionnels en charge de l’information judiciaire ont estimé qu’il était nécessaire que l’interrogatoire de Monsieur Amra se tienne en présentiel, décision que ses avocats ne peuvent qu’approuver", ajoute-t-il.

38 personnes mises en examen

Mohamed Amra est soupçonné d'avoir tenté plusieurs fois de s'évader, avant le drame d'Incarville: quelques jours plus tôt, déjà, deux tentatives d'évasion avaient avorté.

Le 7 mai au matin, la gendarmerie fait fuir quatre hommes cagoulés signalés dans un véhicule près d'Evreux. Et la veille de la déflagration d'Incarville, un barreau scié est détecté dans la cellule de Mohamed Amra.

Trente-huit personnes, dont Mohamed Amra, sont mises en examen dans ce dossier tentaculaire, qui a mobilisé des moyens policiers et judiciaires exceptionnels.

S.A avec AFP