Les policiers s'en prennent au système d'écoutes téléphoniques

La technologie rencontre de nombreux bugs (Image d'illustration). - Joel Saget - AFP
La promesse était belle. Imaginée il y a huit ans, la Plateforme nationale des interceptions judiciaires (PNIJ) devait améliorer au quotidien le travail des policiers, gendarmes et magistrats en centralisant l'ensemble de ces écoutes téléphoniques ou captations numériques réalisées à la demande d'un juge. Mais un an et demi après sa mise en service effective, l'outil, géré par le ministère de la Justice, ne répond pas aux attentes. Pire, il gêne les enquêteurs dans leur travail.
"Il rend fou les enquêteurs", souffle, dans Le Figaro, Synergie-Officiers, l'organisation majoritaire à la PJ parisienne. En cause, son utilisation est sujet à des dysfonctionnements et à des bugs. Impossibilité de recevoir ou lire les SMS envoyés ou reçus sur les téléphones portables traqués, une géolocalisation des appareils en rade, l'infiltration des boites mail des suspects en panne... autant de problèmes rencontrés par les policiers et gendarmes qui se voient ralentis dans leurs investigations.
"Aucune mise à jour ni la moindre amélioration n'est intervenue et les utilisateurs - souvent contraints - de la PNIJ sont plus que jamais, et quotidiennement, confrontés aux faillites de cet outil", déplore encore le syndicat, reçu pourtant il y a six mois au ministère de la Justice.
Une technologie coûteuse
Les difficultés rencontrées par la PNIJ ne sont pas récents. En effet, en novembre 2016, policiers, gendarmes et magistrats s'associaient pour dénoncer, dans une lettre au géant Thalès, qui a remporté le marché pour développer la technologie, un "véritable fiasco", parlant alors d'une situation "dont l'incidence est désastreuse pour la sécurité quotidienne de nos concitoyens". Ainsi, à cette époque, 1.500 à 1.800 écoutes avaient été brusquement interrompues.
Et les problèmes ne sont pas seulement techniques. En avril 2016, la Cour des Comptes a pointé du doigt le dispositif jugeant les résultats insuffisants au vu des dépenses engagées. "Fin 2016, la note pourrait dépasser les 100 millions d'euros, contre 17 millions d'euros mal pronostiqués à l'origine", rappelaient alors policiers et magistrats.