Le sort toujours incertain de Vincent Lambert

Nouvelle donne dans l'affaire Vincent Lambert. La cour administrative d'appel de Nancy a ordonné ce jeudi au CHU de Reims de donner à l'actuel médecin du tétraplégique "les moyens de poursuivre le processus de consultation" collégiale des experts qui doivent se prononcer sur un arrêt éventuel du traitement du patient, a précisé la cour dans un communiqué, infirmant ainsi une décision de première instance d'octobre 2015.
La procédure de 2015 relancée
Ce jugement valide donc la reprise du processus de consultation mais en rien la mise en oeuvre de l'arrêt de l'alimentation et de l'hydratation artificielles de Vincent Lambert.
Relancé aujourd'hui, ce processus avait été suspendu pour une durée illimitée le 23 juillet 2015 par le médecin de l'établissement hospitalier, Daniela Simon, au pretexte que le climat de sérenité nécessaire n'était pas réuni, rappelle le communiqué. Une suspension jugée aujourd'hui illégale par la justice.
Une éternelle bataille judiciaire ?
Depuis de nombreuses années, le sort de Vincent Lambert, victime d'un accident de la route en 2008, divise non seulement sa famille mais aussi la société toute entière. Cet enième rebondissement judiciaire prouve la difficile manoeuvre des institutions sur les grandes questions ethiques.
La décision du 11 janvier 2014 d’arrêter l’alimentation et l’hydratation artificielles de Vincent Lambert avait été tour à tour validée par le Conseil d'Etat le 24 juin 2014 et par la Cour européenne des droits de l'homme (CEDH), le 5 juin 2015. Le 7 juillet 2015, la praticienne nouvellement en charge du tétraplégique avait indiqué la mise en oeuvre d'une nouvelle procédure collégiale préalable à une éventuelle décision d’arrêt de traitement. Décision, comme précisé ci-dessus, suspendue le 23 juillet et dont la justice vient d'ordonner la remise en oeuvre.
François Lambert, le neveu du patient qui se bat depuis des années pour qu'on le laisse mourir, soutenu par Rachel, l'épouse de Vincent, s'est félicité de cette décision. "Même si le juge ne peut pas dire au médecin ce qu'il doit faire, la loi doit s'appliquer", a-t-il déclaré à l'AFP. "Je ne vois pas très bien comment les médecins pourraient motiver une autre décision que celle d'arrêter les soins", a-t-il ajouté. A l'inverse, l'avocat des parents de Vincent, opposés à l'arrêt des soins, a jugé cette décision "absolument incompréhensible".
Selon Le Monde, les parents de Vincent Lambert ont la possibilité de faire appel de la décision de la cour d’appel de Nancy par le biais d’un pourvoi en cassation devant le Conseil d’Etat sous les quinze jours. Le site précise que ce pourvoi n'ordonne en rien la suspension de la décision mais qu'ils pourraient obtenir un sursis, le temps que le Conseil d'Etat se prononce.