La SNCF condamnée pour discrimination envers plus de 800 Chibanis marocains

Le statut avantageux de cheminot avait été refusé à la plupart des 800 plaignants. (image d'illustration) - Patrick Kovarik - AFP
Le conseil des Prud'hommes de Paris a reconnu coupable lundi la SNCF accusée de "discrimination dans l'exécution du contrat de travail" et "dans les droits à la retraite" de plusieurs centaines de Chibanis marocains. Embauchés au début des années 70 comme contractuels, ces 832 cheminots d'origine marocaine, qui ont déposé une requête, assurent avoir été bloqués dans leur carrière du fait de leur origine et ainsi pénalisés au moment de prendre leur retraite.
Selon un conseiller prud'homal, la SNCF a été condamnée dans neuf dossiers sur dix. Les condamnations sont en moyenne assorties de dommages et intérêts d'environ 200.000 euros, a indiqué de son côté à l'AFP l'avocate Clélie de Lesquen. La fourchette s'étalerait de "150.000 à 230.000 euros", selon Abdelkader Bendali, professeur marocain au coté des Chibabis (cheveux gris, en arabe). Ces derniers réclamaient en moyenne 400.000 euros pour le préjudice causé par l'entreprise.
Statut avantageux
Au moment de leur embauche dans l'entreprise publique, ces 832 agents ont signé un CDI reposant sur un contrat de droit privé. Aujourd'hui à la retraite, ou proches de l'être, ne relèvent pas du statut particulier accordé aux cheminots. Plus avantageux, il n'est accordé qu'aux ressortissants européens ou aux jeunes embauchés.
Mais même pour ceux qui ont été naturalisés, et ayant obtenu le fameux statut, ils estiment avoir été cantonnés à des postes au bas de l'échelle. Les 113 plaignants dans cette situation reproche également à la SNCF de ne pas leur avoir reconnu leur ancienneté.
"Vive la République"
A la lecture du premier jugement, l'avocate des 800 plaignants s'est retournée vers les 150 personnes qui étaient présentes ce lundi matin au conseil prud'homal de Paris. Le silence a laissé place aux applaudissements et quelques cris: "vive la République, vive la France, vive la justice". Ahmed Katim, recruté en 1972 comme contractuel, était en larmes: "c'est une énorme satisfaction, la dignité pour les Marocains" et "la fin d'un combat de 15 ans", a-t-il dit.