L'avocate de l'Ouzbek expulsé dénonce le "mépris" de Darmanin après la décision du Conseil d'État

Une expulsion qui fait polémique. Me Lucie Simon, avocate d'un ressortissant ouzbek expulsé de France pour soupçons de radicalisation malgré une décision de la Cour européenne des droits de l'Homme, est intervenue ce 15 décembre sur BFMTV pour réagir aux propos tenus par Gérald Darmanin.
Alors que le Conseil d'État a "enjoint" le 7 décembre à la France de faire revenir le ressortissant ouzbek, le ministre de l'Intérieur a assuré qu'il fera "tout" pour que la personne expulsée "ne puisse pas revenir [...] qu'importe les décisions des uns et des autres".
"Je suis effarée par de telles déclarations, je suis effrayée", a réagi sur notre antenne l'avocate du ressortissant ouzbek, "les gens ne prennent pas vraiment la mesure de la dangerosité, de la gravité de telles déclarations".
"Il nous dit 'dans ce pays il y a un homme à qui les lois ne s'appliquent pas de la même manière qu'aux autres' [...] et qu'il ne va pas respecter une décision de justice, qu'il est au-dessus des lois", a poursuivi Me Lucie Simon, "cela dépasse notre client, cela nous concerne tous".
"On est à quel degré, pour le ministre de l'Intérieur, de mépris de nos institutions judiciaires?", s'est encore interrogée l'avocate sur BFMTV.
"Le ministère de l'Intérieur a méconnu la décision de justice"
Dans une décision rendue le 7 décembre dernier, le Conseil d'État "enjoint au ministre de l'Intérieur et des Outre-mer et au ministre de l'Europe et des Affaires étrangères de prendre dans les meilleurs délais toutes mesures utiles afin de permettre le retour, aux frais de l'État, de M.A en France".
"Il ne s'agit évidemment pas d'une décision politique mais d'une décision prise par des juges indépendants qui disent que le ministère de l'Intérieur a méconnu la décision de justice et qu'il faut revenir à l'état antérieur", a poursuivi Me Lucie Simon ce vendredi soir.
L'avocat du ressortissant ouzbek, aujourd'hui "emprisonné dans des conditions effroyables" en Ouzbékistan, souhaite désormais prendre contact avec le ministère des Affaires étrangères et le ministère de l'Intérieur pour le retour de son client en France: "il a déjà été torturé, il va très certainement l'être de nouveau".
"Il y a une décision, le ministre de l'Intérieur ne peut pas passer outre, sinon il perdra toute crédibilité politique", a conclu Me Lucie Simon.