Jogging à paillettes et agacement des victimes: le procès en appel de Jawad Bendaoud s'est ouvert

Le procès en appel de Jawad Bendaoud, Mohamed Soumah et Youssef Ait Boulahcen s’est ouvert ce mercredi au tribunal de grande instance de Paris. Il doit durer jusqu’au 21 décembre.

En février dernier, le procès avait été marqué par les sorties fantasques de Jawad Bendaoud, et ce au grand regret des victimes. Au premier jour de son procès en appel pour avoir logé des terroristes du 13-Novembre, ce ne sont pas les déclarations de l’homme de 32 ans qui ont interpellé, mais bien sa tenue vestimentaire. Un jogging noir avec des bandes dorées brillantes qu’il arbore fièrement, tout en filmant avec son téléphone les journalistes qui l’attendent pour alimenter son compte Snapchat. Son attitude détonne avec la gravité des faits qui lui sont reprochés.

Après l’appel du parquet de Paris contre la relaxe prononcée en faveur de Jawad Bendaoud, ce mercredi s’est donc ouvert son procès devant la cour d’appel de Paris où il est jugé pour "recel de terroriste". Le ministère public entend faire reconnaître sa culpabilité. Il s'agira de démontrer que le jeune homme savait qu'il avait fourni un logement, juste après les attentats de Paris et de Saint-Denis, à Abdelhamid Abaaoud, le cerveau présumé des attaques et Chakib Akrouh. Jawad Bendaoud a toujours nié avoir connu l'identité des deux hommes qu'il avait hébergés. Un fait qui n'a pas été "prouvé", selon le jugement en première instance.

Premier procès post-attentats

Youssef Aït Boulahcen, qui avait écopé de quatre ans de prison en première instance pour "non-dénonciation de crime terroriste", comparaît à ses côtés. Le cousin d’Abdelhamid Abaaoud, cerveau présumé des attentats de Paris et Saint-Denis, adopte une attitude discrète, se cachant des caméras. Lui aussi a fait appel de sa peine: à l’ouverture du procès, il a clamé son innocence. Le troisième protagoniste de cette affaire, Mohamed Soumah, qui avait été condamné à cinq ans de prison, n’a pas fait appel. Ce mercredi, l’avocate générale a annoncé son désistement des poursuites.

Cette première journée était particulièrement technique et a permis d’aborder l’organisation des quatre semaines d’audience à venir. La fin de semaine sera consacrée à l'audition de Youssef Aït Boulahcen. Jawad Bendaoud sera entendu la semaine prochaine. Son ancienne compagne doit être appelée à témoigner, par l'avocat du jeune homme Me Nogueras, tout comme sa mère. La présence de cette dernière est "vivement" souhaitée, a fait savoir l'avocate générale. "Elle est au Maroc", a vivement réagi Jawad Bendaoud.

L'audience s'est achevée avec les regrets des avocats des 780 victimes qui se sont constituées parties civiles: Ils ont fait part du "profond sentiment de relégation" des victimes, obligées faute de place d'assister aux débats depuis la salle de retransmission installée dans le tribunal. "Nous serons très vigilants pour que cette situation ne se reproduise pas, notamment pour le procès des attentats du 13-Novembre." Une manière également de replacer l'enjeu de ce procès, qui doit se terminer le 21 décembre: il s'agit du premier après les attentats.

Justine Chevalier