Jean-Claude Romand, le faux médecin de l'OMS, demande sa remise en liberté

Jean-Claude Romand s'est fait passer pour un médecin de l'OMS avant d'assassiner sa famille. - AFP
"A ce moment-là, qui deviendraient les condamnés? Ce sont nous, les parties civiles, mais aussi tous les gens qui l'ont connu, toute la société civile. C'est à elle d'être condamnée cette fois-ci à vivre aux côtés de cette personne." Le beau-frère de Jean-Claude Romand redoute cette journée de mardi. A 10 heures, le tribunal d'application des peines de Châteauroux examine la demande de remise en liberté de cette homme de 64 ans, condamné pour l'assassinat de sa femme, ses deux enfants et ses parents. Il avait écopé en 1993 de la réclusion criminelle à perpétuité assortie d'une période de sûreté de 22 ans.
Cette audience était initialement prévue le 18 septembre dernier mais il était "apparu nécessaire à la juridiction et aux différents intervenants de faire procéder à des vérifications complémentaires afin de pouvoir débattre", avait fait savoir ce jour-là le procureur de la République de Châteauroux. Le président, ses deux assesseurs, le procureur et un greffier vont devoir entendre les arguments de Jean-Claude Romand, théoriquement libérable depuis 2015. La justice va devoir évaluer son projet de réinsertion, composé de son lieu de domiciliation mais aussi un travail pour celui qui doit valider lors d'un stage le diplôme d'ingénieur informatique qu'il a préparé en prison.
Il a trompé sa famille
L'histoire de Jean-Claude Romand a défrayé la chronique judiciaire. En novembre 1993, il a assassiné son épouse, ses enfants âgés de 7 et 5 ans, et ses parents afin de protéger son secret, lui qui s'est fait passer aux yeux de tous pour un illustre médecin. Un mensonge qui a débuté dès son inscription en faculté de médecin. Il passe la première année, puis ne se présente pas aux examens de fin de deuxième année. Il finira par s'inscrire 12 fois sans passer au stade supérieur. Peu importe.
Après s'être marié en 1980 avec Florence, une cousine par alliance, il s'installe à Prévessin-Möens près de la frontière suisse et de Genève où Jean-Claude Romand affirme travailler comme médecin, spécialisé en cardiologie, à l'Organisation mondiale de la santé (OMS). Il fera également croire à son entourage être enseignant à l'université de Dijon. Pour assumer le train de vie du couple, il a arnaqué les membres de sa famille en leur faisant miroiter des rendements importants grâce à des placements financiers en Suisse ou l'oncle de son épouse en lui promettant un traitement miracle pour soigner son cancer.
"Le doute demeure"
Par crainte d'être découvert, le 9 novembre 1993 il fracasse le crâne de sa femme à l'aide d'un rouleau à pâtisserie puis abat sa fille Caroline et son fils Antoine, âgés de 7 et 5 ans, d'un tir de carabine. Les parents de Jean-Claude Romand connaissent le même sort: il les exécute d'une balle dans le dos à leur domicile avant de tuer le chien de la famille. Il feindra alors un suicide en mettant le feu à sa maison. En 1996, il est condamné à la réclusion criminelle à perpétuité qu'il purge, sans poser de difficultés, à la maison centrale de Saint-Maur. En détention encore, il profite de son aura de médecin lors que des détenus viennent lui demander des conseils médicaux.
"Quand une audience est reportée parce que le contexte dans lequel va évoluer Jean-Claude Romand n'est pas suffisamment favorable à sa tranquillité, dans le sens où sortir de prison où sortir de prison après 25 ans ce serait trop violent, cela nous choque (...) et qu'il faudrait lui aménager un sas de décompression c'est lui donner beaucoup, beaucoup, beaucoup de précautions et d'attention qui nous semblent disproportionné par rapport aux faits et à la douleur que nous avons depuis 25 ans", a témoigné Emmanuel Crolet, le frère de Florence Romand, qui "doute" toujours de la prise de conscience et des changements de Jean-Claude Romand.