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Police-Justice

"Je suis devenue l'avocate du diable": la plaidoirie de l'avocate de Dominique Pelicot lors du procès de Mazan

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L'avocate de Dominique Pelicot a plaidé ce mercredi 27 novembre pour défendre son client, accusé d'avoir drogué, violé et fait violer sa femme. Face à Gisèle Pelicot et aux 50 autres coaccusés, l'avocate s'est confiée sur son "extrême solitude".

Une plaidoirie difficile. L'avocate de Dominique Pelicot a défendu son client, ce mercredi 27 novembre, contre qui le parquet a requis 20 ans de réclusion criminelle pour avoir soumis sa femme Gisèle aux viols de dizaines d'hommes.

"Bien malgré moi, je suis devenue l'avocate du diable", a déclaré Me Béatrice Zavarro, se confiant sur son sentiment d'"extrême solitude" durant le procès.

Pourtant, "j’assume totalement, pleinement la défense de Dominique Pelicot car nous avons un rapport de confiance mutuelle", dit-elle, en retraçant sa relation d'avocate à client depuis leur première rencontre en avril 2021.

"L'autre Dominique"

L'avocate a dépeint Dominique Pelicot comme un homme présentant un double visage. "Madame Pelicot a parlé d’un homme bon, un bon mari, un bon père et grand-père. David et Caroline, malgré toute leur colère à l’égard de leur père, ont reconnu que c’était un homme bienveillant et généreux", souligne-t-elle.

Mais "moi je plaide pour l'autre Dominique", un personnage "doté d’une certaine perversité", poursuit-elle. "Est-ce que le pire ennemi de Dominique Pélicot, ce n’est pas Dominique Pelicot?", interroge l'avocate.

Elle est également revenue sur le passé de son client, le climat familial "délétère" dans lequel il a grandi, son père "tyrannique" et les deux agressions sexuelles qu'il dit avoir subies dans sa jeunesse. Un viol par un infirmier lors d'une hospitalisation quand il était enfant et sa participation forcée au viol d'une jeune femme sur un chantier quand il était apprenti.

"Perversions"

Retraçant l'histoire du couple Pelicot, Me Béatrice Zavarro explique que les "deux êtres évoluent différemment à partir de 2010-2011. Madame Pelicot va davantage s’intéresser à son rôle de grand-mère, et Monsieur Pelicot à ses perversions".

Selon Me Zavarro, Dominique "aimait plus que tout" Gisèle Pelicot mais le fait que son épouse ne "pouvait assouvir tous ses fantasmes" a constitué un élément déclenchant "son schéma criminel".

"Gardez mesdames, Gisèle, Caroline, gardez en tête ce premier Dominique", a-t-elle enjoint en se tournant vers la victime et sa fille. "Oubliez celui pour qui j’ai plaidé. Gardez à l’esprit celui qui vous a profondément aimé."

L'avocat a tenu à rendre hommage à Gisèle Pelicot, dont le courage émeut en France comme à l'étranger. "Il fallait qu'elle soit compensée dans sa douleur et la trahison qu'elle a subie. Même si je mène un combat pour lui, je n'en oublie pas son combat à elle et je la respecte profondément", a déclaré Me Zavarro à la presse à la sortie du tribunal.

Mélanie Bertrand avec François Blanchard