"Je me réveille toujours en sursaut": le récit glaçant de l'une des victimes du "violeur des balcons"

Elle est l'une des victimes présumées d'Abdelhamid Zouhari. Amélie*, qui était avec sa petite soeur au moment des faits, s'apprête à assister au procès de celui qu'on surnomme le "violeur des balcons", qui s'est ouvert ce lundi devant la cour d'assises d'Avignon. Elle raconte à BFMTV cette nuit de novembre 2014, durant laquelle elle estime avoir échappé de justesse à un viol.
Âgé de 35 ans, ce père de famille est jugé pour six viols et quatre tentatives de viols, commis entre 2013 et 2015. Son modus operandi, avec Amélie comme avec les autres: s'introduire chez ses victimes présumées par les fenêtres de leurs balcons, ganté et cagoulé.
"Il était très tôt le matin, je rentrais d'une soirée (...) J'ai laissé ma porte-fenêtre ouverte pour le petit chat. Je me suis réveillée parce que je sentais une présence au-dessus de moi. Quand j’ai ouvert les yeux, je l’ai vu au-dessus de mon visage", raconte la jeune femme, la voix brisée.
Des menaces et des questions personnelles
"Mon premier réflexe, ça a été de crier", poursuit-elle. "Là, il m'a mis la main sur la bouche, un couteau sous la gorge." Lorsqu'il aperçoit la petite soeur d'Amélie, âgée de 20 ans à l'époque, "son comportement a changé": "Il s'est reculé, il ne nous a plus approchées, mais il est resté quand même je crois bien dix minutes, un quart d’heure dans l’appartement." Un laps de temps durant lequel il "tourne", et pose des questions "plus ou moins intimes":
"Il me disait 'tu bois, tu fumes', alors que je suis une Arabe, et si j’étais mariée, et qu’est-ce que j’attendais pour me marier, qu’il fallait peut-être que je m’y mette", se souvient la jeune femme.
Amélie demande à son agresseur présumé de laisser sa petite soeur partir. Ce qu'il refuse: "Par contre il ne voulait pas la voir, il ne voulait pas lui parler (...) Et c’est en ce sens-là que pour moi elle m’a sauvée un peu."
Cauchemars et nuits agitées
La petite soeur d'Amélie est morte un an après les faits dans un accident de voiture: "Elle est restée un an à souffrir et à avoir peur tout le temps", raconte la jeune femme entre ses larmes. "C’est très important d’être là aussi aujourd’hui pour la défendre elle, et surtout parce que je pense que si elle n’avait pas été là, je ne sais pas ce qui se serait passé", explique-t-elle. "Je pense que je n’aurais pas eu la même force si elle n'avait pas été là."
Amélie, elle aussi, souffre du traumatisme causé par cette nuit-là: "Quand je sors la nuit très tard, je regarde toujours derrière moi s’il n’y a pas quelqu’un. Je ne dors plus les fenêtres ouvertes. Les cauchemars ont cessé mais je me réveille toujours en sursaut lorsque j’entends le moindre bruit dans la pièce où je suis." Si elle estime avoir eu "une petite chance" car elle n'a pas été violéee, pour elle, "c'est tout comme": "Il y a eu une violation de mon intimité."
"Ce ne sera plus jamais pareil"
Elle estime qu'Abdelhamid Zouhari a changé sa vie: "Même mon rapport aux autres, aux hommes... Plein de choses qui font que je sais que ce ne sera plus jamais pareil. Même si avec le temps ça peut peut-être un peu s’atténuer, j’aurai toujours ce truc-là au fond de moi qui me dit 'fais attention'".
Avec ce procès, Amélie espère avoir des réponses à ses questions: "J’ai envie de comprendre pourquoi il a agi comme ça. Peut-être pourquoi moi, est-ce qu’à un moment donné il m’a croisée dans la rue, est-ce que je lui ai fait un sourire, quelque chose qui a fait qu'il me suive par la suite… Je ne sais pas, mais j’attends beaucoup plus de lui, en fait, que de la justice."
"Je veux le regarder droit dans les yeux et lui faire comprendre qu’il nous a fait énormément de mal." Pour elle, et pour sa petite soeur: "Elle n'est plus de ce monde et c’est pour elle que je suis là aujourd’hui. J’ai même l’impression de plus la défendre elle que moi."
Trahi par sa plaque d'immatriculation
Abdelhamid Zouhari était inconnu des services de police. Après les viols présumés, il obligeait ses victimes à se laver et à nettoyer les lieux à l'eau de Javel. C'est finalement l'immatriculation de sa voiture qui permettra à la police de remonter jusqu'à lui. Le violeur présumé a reconnu les faits, et s'est dit soulagé par son arrestation. Il encourt 20 ans de prison.
*Ce prénom a été modifié