"Je fais tout comme il faut": après la mobilisation de ses enseignants, une étudiante sénégalaise visée par une OQTF se voit accorder un sursis

La justice représentée. (Photo d'illustration) - Michael Coghlan - CC - Flickr
Ils demandent "d'éviter un drame humain". Les enseignants de Marie-Thérèse Gomis, étudiante dans une école de commerce de Bayonne, se mobilisent face à l'obligation de quitter le territoire français (OQTF) qui vise la jeune femme d'origine sénégalaise, rapporte Sud-Ouest ce jeudi 24 juillet.
Plusieurs de ses enseignants ont mis en ligne une pétition où ils se disent "scandalisés par les menaces d’expulsion d’une étudiante sénégalaise à quelques jours de la soutenance du mémoire validant définitivement son cycle de formation de haut niveau".
La jeune femme est arrivée en France en 2016 pour ses études. Il s'agit de la troisième OQTF la visant, deux d'entre elles faisant l'objet d'un recours devant le tribunal administratif. "Pourquoi cet acharnement?", s'est demandée Marie-Thérèse Gomis auprès de Sud-Ouest. "Je suis pleinement intégrée. Je travaille, je me tiens bien, je ne suis pas une délinquante ou un électron libre qui fait n'importe quoi en France. Je fais tout comme il faut."
"Injuste"
Selon Sud-Ouest, l'OQTF qui lui a été notifiée par le préfet des Pyrénées-Atlantiques pointe notamment un "manquement manifeste de déférence à la loi française", puisqu'elle n'a pas quitté le territoire après les deux premières, et l'absence de "documents établissant son insertion durable dans la société française". Une entreprise a pourtant déjà prévu de l'embaucher à la sortie de ses études.
"Tout ça est injuste. Cette OQTF est un copier-coller de toutes les autres, elle répond moins au droit qu'à une certaine circulaire", dénonce auprès de Sud-Ouest Manuel Herrero, notaire et professeur de droit successoral de Marie-Thérèse Gomis à la Talis Business School de Bayonne. "Notre pays ne devrait pas se priver de personnes comme elle", estime-t-il.
Dans une circulaire envoyée aux préfets en octobre, le ministre de l'Intérieur, Bruno Retailleau, leur a demandé "des résultats" pour "la reprise du contrôle de notre immigration". Il demandait notamment "le strict respect des dispositions législatives et conventionnelles" dans l'édiction des OQTF.
La préfecture accorde une autorisation de deux mois
Aussi, contactée par Sud-Ouest, la préfecture des Pyrénées-Atlantiques a dans un premier temps mis en avant une application stricte de la loi. La préfecture a souligné que Marie-Thérèse Gomis "a fait l’objet de trois OQTF depuis 2021".
Elle a jugé que sa "demande établie sur la base du fondement de l’article L.435-1 du CESEDA (Code de l’entrée et du séjour des étrangers et du droit d’asile, NDLR), reposant sur des considérations humanitaires ou se justifiant au regard de motifs exceptionnels, ne peut être accueillie eu égard aux circonstances de l’espèce et malgré le fait de faire valoir un contrat de travail".
Mais devant la mobilisation des enseignants de l'étudiante, ainsi que de plusieurs parlementaires qui ont dénoncé cette situation, la préfecture a fini par lui accorder "une autorisation provisoire de séjour de deux mois pour passer un examen", a-t-elle annoncé jeudi.