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Police-Justice

"Jamais je ne te pardonnerai": une victime de Jacques Rançon s'effondre pendant l'audience

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Une confrontation d'une intense émotion s'est déroulée ce jeudi lors du procès du "tueur de Perpignan" alors que Sabrina, agressée par Jacques Rançon en 1998, est venue témoigner. Une séquence trop forte pour la jeune femme qui a dû être évacuée de la salle.

Pour le public présent ce jeudi matin dans la salle de la cour d'assises de Perpignan, on eu le sentiment que Sabrina a revécu ce dramatique jour de mars 1998. La jeune femme de 39 ans, victime de Jacques Rançon, est venue témoigner pour raconter son agression au terme de laquelle elle a dû son salut à une passante. Un moment particulièrement émouvant qui s'est conclu par l'évacuation du témoin victime d'une véritable crise de nerfs.

"Elle a craqué parce que je pense que c’était au-dessus de ses forces, a estimé son avocat Me Nicoleau. Je crains qu’elle ne s’en remette pas de sitôt. Elle ne s’était pas remise de son agression pendant 20 ans. J’imaginais bien que ce ne serait pas juste la confrontation avec Jacques Rançon qui lui permettrait de changer de cap, d’avoir une vie meilleure et beaucoup plus tranquille. Je pense que ça a ravivé ses souffrances. Ca a été peut-être le point d’orgue qui a fait que elle ne peut plus supporter ce qui lui est arrivé."

"Il éventrait un cochon"

Sabrina, vêtue tout de noir, s'est présentée devant la cour ce jeudi matin pour y raconter son 9 mars 1998 quand elle a survécu, physiquement, à l'agression dont elle a été victime. Ce jour-là, elle attendait son petit-copain sous le porche d'un immeuble à Perpignan. Un homme passe en voiture, la regarde avec insistance, puis revient à pied. Puant l'alcool, Jacques Rançon s'approche d'elle, l'aborde, lui fait la conversation. Avec insistance. "Il me fixe d'un regard sadique, noir, décrit-elle. C'est comme s'il me faisait l'amour avec ses yeux, il me parlait en expirant: aaah, aaah."

Puis Jacques Rançon lui transperce le ventre: "Le premier coup a été très vite, j'ai entendu la perforation, je me voyais mourir. (...) Il a trouvé une satisfaction à me pénétrer avec le couteau, il avait un regard très sadique", poursuit Sabrina dans un débit extrêmement rapide.

Son calvaire va durer plus de 50 minutes. Sabrina se met à hurler, à courir dans tous les sens. "Il a mis sa main sur ma bouche, j’ai même pas senti la douleur, je commençais à partir, je mourais, je partais", raconte-t-elle confiant que Jacques Rançon agissait "comme s'il éventrait un cochon". C'est l'intervention d'une passante qui a permis de faire fuir son agresseur. Sabrina est laissée pour morte. De son agression, elle conserve aujourd'hui toujours une cicatrice de 32 centimètres au ventre.

"Je te reconnais (...) Jamais je ne te pardonnerai", lance-t-elle à Jacques Rançon.

"Je vais te tuer"

Les séquelles psychologiques sont importantes, pour cette femme qui n'a jamais eu de suivi psychologique pendant 20 ans. Sabrina raconte sa peur permanente, son traumatisme, sa honte de sa cicatrice, elle qui n'enlève pas son t-shirt quand elle va à la plage. Puis intervient ce fameux jour où elle a reconnu son agresseur dans les médias. En 2014, Jacques Rançon venait d'être interpellé pour le meurtre de Mokhtaria Chaïb, elle prévient immédiatement la police. Puis le témoin craque, fond en larmes, tétanisé, elle lance alors un cri terrifiant. Elle doit être évacuée par la protection civile.

Interrogé, Jacques Rançon dit ne pas se souvenir. "C'était mon anniversaire, je faisais la tête au boulot, je suis rentré chez moi, je l’ai vue en voiture, j’ai dragué la demoiselle on s’est retrouvé sous le porche", livre-t-il uniquement.

Ce témoignage et cette douleur a fait resurgir la colère des proches de Mokhtaria Chaïb, la première victime du "tueur de Perpignan", violée, tuée puis mutilée le 21 décembre 1997, présents à l'audience. "Je vais te retrouver fils de p****, hurle son frère. Je vais te tuer." Mercredi, la tension avait été aussi forte lorsque les deux frères de Marie-Hélène Gonzalez, violée, étranglée puis démembrée, se sont jetés sur le box des accusés pour tenter de frapper l'homme de 58 ans.

Justine Chevalier avec Mélanie Bertrand