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Police-Justice

Isère: Jean-Michel Blanquer réclame la fermeture d'une école musulmane "d'inspiration salafiste"

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L'école ne cessera pas son activité avant la fin de l'année tandis qu'une quarantaine d'élèves doivent être réaffectés dans d'autres établissements.

Les parents d'une école près de Grenoble accusée d'être "d'inspiration salafiste" ont été enjoints par le rectorat de changer leurs enfants d'établissement. Le rectorat a confirmé à l'AFP avoir envoyé un courrier aux parents les "enjoignant (de) changer d'école suite à une décision judiciaire". Mais l'école ne devrait pas cesser son activité avant la fin de l'année scolaire. 

Jeudi soir, dans l'émission Le Téléphone Sonne sur France Inter, le ministre de l'Éducation nationale, Jean-Michel Blanquer, annonçait: "Je viens de prendre la décision, sur les bases juridiques et concrètes que j'avais, de fermer une école d'inspiration salafiste dans l'académie de Grenoble". "Nous réaffecterons les 40 élèves concernés au retour des vacances", a ajouté le ministre.

Des connaissances jugées insuffisantes

Basée à Echirolle (Isère), l'école privée hors-contrat Philippe Grenier - du nom du premier député musulman de France - conteste les accusations du ministre.

L'école Philippe Grenier est passée devant le tribunal correctionnel de Grenoble en janvier, à la suite d'un signalement de l'Education nationale qui estime que "les connaissances des élèves ne permettent pas d'atteindre le minimum attendu". Le tribunal l'a condamnée en février à fermer mais elle a fait appel et cet appel est suspensif. L'audience en appel est fixée le 1er juillet, a indiqué à l'AFP le parquet de Grenoble.

L'école nie les accusations de salafisme

D'ici là, l'école devrait rester ouverte. "L'école fermera quand il y aura une décision de justice. On ne va pas fermer une école sur une simple déclaration d'un ministre à la radio", a réagi auprès de l'AFP l'avocat de l'établissement, Me Michaël Bendavid. Et si son client reconnaît que le niveau des enseignants doit s'améliorer dans cette structure, il nie en revanche les accusations de salafisme. 

"Elles reposent sur une phrase totalement inadaptée prononcée à ses débuts par un des porteurs du projet qui disait en substance 'il faut préserver nos enfants des vices de l'enseignement public'", rapporte l'avocat.

Cette école, portée par l'association Union d'initiatives citoyennes et éthiques (Unicite), propose huit heures d'enseignement par semaine du coran et de l'arabe, précise encore l'avocat.

A l'audience en janvier, le procureur avait dans ses réquisitions estimé que cette école était "nocive".

"Les connaissances sont rabâchées. Il n'y a pas de production orale et écrite, pas d'enseignement artistique, pas de travail de groupe, pas d'ouverture sur le monde, pas d'encouragement à développer l'esprit critique. C'est de l'obscurantisme, du lavage de cerveau", affirmait-il selon le compte-rendu fait par le quotidien régional Le Dauphiné Libéré.
Benjamin Rieth avec AFP