Intrusion dans les centrales nucléaires: les députés votent le durcissement des peines

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L'Assemblée nationale a voté jeudi soir un durcissement des peines sanctionnant les intrusions dans les centrales, au grand dam de la gauche qui redoute un frein aux actions de militants anti-nucléaires ou de lanceurs d'alerte.
Les députés ont validé cet article du projet de loi de relance du nucléaire, qui prévoit que la peine pour intrusion sera portée de un à deux ans de prison et de 15.000 à 30.000 euros d'amende, les sanctions étant supérieures en cas de menace d'une arme, action en bande organisée...
"On a le droit d'être opposé au nucléaire mais cela doit se faire dans le cadre de la loi", a défendu la rapporteure Maud Bregeon (Renaissance).
"Criminalisation de l'action écologiste"
La ministre de la Transition énergétique Agnès Pannier-Runacher a étrillé une "espèce de romantisme" autour de ces actions militantes, "complètement à côté de la plaque".
De son côté, la gauche a dénoncé une "criminalisation de l'action écologiste" et une nouvelle échelle des peines "totalement disproportionnée" pour sanctionner par exemple le simple déploiement d'une banderole sur un site. Des amendements EELV, PS, PCF, LFI et également de l'ancienne ministre de la Transition écologique Barbara Pompili (Renaissance), pour supprimer l'article, ont été rejetés.
Il avait été ajouté par le Sénat lors de la première lecture du projet de loi en janvier, mais les députés ont revu à la baisse certaines peines, et rayé en séance la possibilité de dissolution d'une personne morale.
Un "ta gueule" lancé dans l'hémicycle?
La tension est montée d'un cran dans l'hémicycle lorsque Emmanuel Blairy (RN) a fait un parallèle entre la "menace intérieure" de militants et la "menace extérieure" de "mouvances terroristes" sur les centrales.
Les esprits se sont échauffés, et Laurent Jacobelli (RN) a affirmé qu'un élu LFI avait lancé "ta gueule" à un membre de son groupe. Le député Insoumis Matthias Tavel a été rappelé à l'ordre par la présidente de séance Caroline Fiat (LFI).
Les députés ont achevé dans la soirée l'examen de l'ensemble du projet de loi, qui sera soumis mardi à un vote solennel de l'Assemblée. Il vise à simplifier la construction de six nouveaux réacteurs EPR en France à l'horizon 2035.
La surprise est venue mercredi du rejet de la réforme controversée de la sûreté nucléaire, quelques voix de la majorité ayant rejoint la gauche pour s'opposer au "démantèlement" de l'Institut dédié à la sûreté (IRSN). Agnès Pannier-Runacher a indiqué qu'elle ne demanderait pas de nouvelle délibération de l'Assemblée sur ce point.
La ministre a indiqué avoir "proposé au Sénat" une "deuxième lecture" de l'ensemble du projet de loi.