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Police-Justice

Interpol lève l'avis de recherche visant un Français condamné à 15 ans de camp en Russie

L'organisation internationale de police criminelle n'a pas souhaité commenter sa décision. (illustration)

L'organisation internationale de police criminelle n'a pas souhaité commenter sa décision. (illustration) - Roslan Rahman - AFP

Interpol a estimé que la procédure juridique visant le Français, poursuivi pour une affaire de pédophilie qu'il dit montée de toute pièce, revêtait une "dimension essentiellement politique".

L'organisation de coopération policière internationale Interpol a levé la notice rouge (un avis de recherche international transmis aux membres d'Interpol) visant l'ancien directeur de l'Alliance française d'Irkoutsk Yoann Barbereau, qui a fui la Russie en 2017 pour échapper à la prison, a-t-on appris ce mardi.

Directeur de l'Alliance française d'Irkoutsk, en Sibérie, le Français avait été arrêté le 11 février 2015 par des hommes encagoulés, devant sa femme russe et leur fille de 5 ans. Emprisonné 71 jours puis interné en hôpital psychiatrique et enfin placé sous résidence surveillée à Irkoutsk, il s'était enfui et avait trouvé refuge à l'ambassade de France à Moscou. En novembre 2017, Yoann Barbereau avait finalement traversé clandestinement la frontière russe pour rejoindre la France, où il vit toujours.

Une procédure "essentiellement politique"

Poursuivi pour une affaire de pédophilie, un "Kompromat"("dossier compromettant") aux origines toujours mystérieuses, il a été condamné par contumace à 15 ans de camp à régime sévère par la justice russe. Lui dit l'affaire montée de toute pièce par le FSB, les services secrets russes.

La commission de contrôle des fichiers d'Interpol a estimé au cours de sa 113e session que cette procédure judiciaire visant Yoann Barbereau en Russie revêtait une "dimension essentiellement politique" et a décidé que toutes les données le concernant devaient être effacées des fichiers de l'organisation internationale, selon un document d'Interpol consulté par l'AFP L'organisation internationale n'a pas fait de commentaire.

"Le monde s'ouvre de nouveau"

"Ce que je retiens surtout, c'est la motivation de la décision. C'est une reconnaissance à demi-mot de la machination et du Kompromat", a remarqué Yoann Barbereau.

Jusqu'à présent, il ne pouvait pas quitter l'Hexagone en raison de cette notice rouge. "Cela signifie que le monde s'ouvre de nouveau", a-t-il observé, et de plaisanter: "Si le Covid me prête vie, peut-être pourrais-je voyager un jour."

Indemnisé en France

Ce Nantais de 42 ans, auteur de Dans les geôles de Sibérie (Éditions Stock, 2020), un récit de ses aventures rocambolesques, avait déjà obtenu gain de cause auprès de la justice française. Celle-ci a condamné l'État français à lui verser 300.000 euros le 3 avril dernier au titre de la "protection fonctionnelle", due aux fonctionnaires et agents publics quand ils sont victimes d'attaques.

"Il ne me reste plus qu'à obtenir gain de cause auprès de la Cour européenne des droits de l'Homme et à faire condamner la Russie", a-t-il indiqué. "Symboliquement, ça serait satisfaisant pour moi."
Par MH avec AFP