Information judiciaire dans l'affaire Fillon: le député Gilbert Collard évoque une "partialité judiciaire"

Gilbert Collard, député élu dans le Gard, est intervenu sur l'antenne de BFMTV ce vendredi soir après l'ouverture d'une information judiciaire dans le cadre de l'affaire Fillon. L'avocat a estimé que cette dernière était "mécanique" dans la mesure où le Parquet avait ouvert une enquête préliminaire précédemment. Cependant, il s'est montré dubitatif quant à la temporalité de cette décision de justice: "On peut se poser la question du caractère tardif de la saisine des juges. Pourquoi avoir tant attendu? Moi, je me pose la question. Et je trouve assez extraordinaire que dans notre démocratie judiciaire, on s’autorise un débat avant même que la justice, sous la forme des juges d’instruction, soit saisie."
"Il y a aujourd'hui deux justices"
Pour le parlementaire, le déroulement de l'enquête révèle même que la justice suit un mauvais biais, en se laissant influencer par des considérations politiques:
"Il y a aujourd’hui deux justices : une justice médiatique avec les commentateurs, les sachants ceux qui font des hypothèses et puis il y a une justice qui devrait être complètement indépendante de l’action politique et qui, malheureusement, est contaminée, par la force des choses, par les commentaires politiques et on a l’impression que la temporalité judiciaire devient une forme de partialité judiciaire."
Il y a trois semaines, le député s'exprimait différemment au sujet de l'affaire Fillon. Le 1er février, Gilbert Collard, sans toutefois évoquer le volet judiciaire de l'affaire, livrait un commentaire politique sur les tourments du candidat de la droite et du centre: "Il ne peut pas rester candidat. Il s'est présenté comme l'irréprochabilité incarnée (…) et il vient se faire taper sur les doigts."
Deux enquêtes
L'affaire des assistants parlementaires FN au Parlement européen dans laquelle Marine Le Pen est citée a éclaté entre temps. Mercredi dernier, la candidate à la présidentielle a d'ailleurs refusé de se rendre à une convocation de la police. Dans son intervention, Gilbert Collard a fait allusion à cette nouvelle polémique:
"Si dans cette affaire Fillon il y avait une nécessité d’urgence qui peut se discuter car l’affaire est récente, on peut aussi se demander si on a la nécessité d’enquêter, et ça je le dis à l’égard d’un adversaire, dans le temps d’une campagne présidentielle? Il faudra nous démontrer, dans toutes les affaires récentes, si on avait pas un autre temps judiciaire."
Il est, plus directement, revenu sur cette seconde enquête quelques minutes plus tard, rappelant que Marine Le Pen ne s'était pas élevée au-dessus des lois puisqu'elle n'avait fait "qu'utiliser un droit, le droit d'invoquer son immunité" parlementaire de députée européenne. "L’affaire concernant Marine Le Pen remonte à deux ans. Quelle urgence y a-t-il à pratiquer une deuxième perquisition en pleine campagne électorale de la présidentielle?" s'est interrogé Gilbert Collard.