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INFO BFMTV. Meurtre dans une mosquée du Gard: le suspect souffrait d’une abolition du discernement au moment du crime

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Olivier Hadzovic, mis en examen pour l’assassinat d’Aboubakar Cissé, était atteint d’un "trouble psychotique ayant aboli son discernement et le contrôle de ses actes" au moment du crime, selon une expertise psychiatrique que BFMTV a pu consulter. Le suspect indique que "des voix" lui auraient commandé d’agir. Cette expertise pourrait aboutir à la déclaration de son irresponsabilité pénale. Il pourrait donc ne jamais être jugé pour ce crime.

Un bouleversement dans une enquête hautement sensible. Olivier Hadzovic, l’homme suspecté d’avoir poignardé à mort Aboubakar Cissé dans une mosquée du Gard le 25 avril dernier, souffrait d’une abolition du discernement au moment de son geste, conclut une expertise psychiatrique du suspect, que BFMTV a pu consulter.

Olivier Hadzovic "était atteint, au moment des faits, d'un trouble psychotique ayant aboli son discernement et le contrôle de ses actes", diagnostique le médecin psychiatre qui l’a examiné le 11 juin à la maison d’arrêt de Perpignan (Pyrénées-Orientales). "Il n'a pas agi sous l'effet d'une contrainte extérieure, mais sous l'influence de ses hallucinations", indique cet expert, mandaté par le juge d’instruction en charge de ce dossier.

Sauf contre-expertise aboutissant à une autre conclusion, ce diagnostic pourrait déboucher sur la déclaration de son irresponsabilité pénale. L’homme soupçonné d’avoir porté 57 coups de couteau à Aboubakar Cissé, un jeune fidèle de la mosquée de La Grand-Combe, pourrait donc n’être jamais jugé devant une cour d’assises.

Hallucinations auditives

Mis examen pour meurtre avec préméditation en raison de la supposée race ou religion, Olivier Hadzovic, multiplie face au psychiatre déclarations dérangeantes. Il dit être "schizophrène". Il attribue l'ensemble des faits commis à l'influence de "voix" : les préparatifs, les vidéos, les paroles menaçantes, la cavale en Italie.

Des hallucinations auditives qui auraient elle-même décidé de la victime: "C’est difficile d'expliquer ça mais ce n'est pas moi, elles ont pris le contrôle... J’étais comme aspiré", assure le suspect face au médecin. Et le meurtre d’Aboubakar Cissé, "les voix elles rigolaient, certaines elles étaient fières...elles étaient contentes", ajoute-t-il.

Aîné d’une fratrie de 7 enfants, Olivier Hadzovic, âgé de 20 ans, soutient qu’il "entend des voix" depuis l’âge de 7 ou 8 ans, "des voix que je ne connais pas, certaines femmes et certaines d’hommes, des voix normales", et qui "ont pris le contrôle".

"Quand j'ai tué la personne, ce n'était pas moi"

Selon lui, ces voix auraient guidé sa main et l’arme du crime. "Quand j’ai tué, je n’étais pas moi-même. J’étais comme aspiré dans une boule. Je ne voulais pas tuer moi... Quand j’ai tué la personne, ce n’était pas moi", continue Olivier Hadzovic, mais "des voix qui ont grandi avec moi". "Quand j’étais petit, j’étais seul, j’avais un ami imaginaire. C’est moi qui les ai créées. Je n’avais pas d’amis…"

Au cours de l’instruction, le suspect, suspecté d’un crime antimusulman, a reconnu avoir porté des coups de couteau, mais a toujours nié avoir agi par haine de l’islam. La procureure de Nîmes, Cécile Gensac, avait expliqué au cours d'une conférence de presse que le suspect était animé par une "envie obsessionnelle de tuer une personne". Comme l’a révélé BFMTV, il a été sorti de sa maison d’arrêt le 20 juin pour être interné un centre psychiatrique à Thuis (Pyrénées-Orientales), à la demande du préfet des Pyrénées-Orientales.

"Les faits criminels sont survenus dans un contexte de décompensation aiguë, sous l'emprise d'hallucinations auditives impératives et de phénomènes dissociatifs", tranche l’expert psychiatre qui conclut à "un trouble psychotique chronique (…) de type schizophrénique" du mis en cause. Son acte résulterait "d’un épisode psychotique aigu non maîtrisé".

Les avocats des parties civiles ont 15 jours pour demander de compléments d’expertise ou une contre-expertise. Sollicité par BFMTV, le parquet de Nîmes n’a pas réagi.

Matthias Tesson et Paul Conge