Meurtre dans une mosquée du Gard: ce qu'il faut retenir de la conférence de presse de la procureure

Une semaine après le meurtre d'Aboubakar Cissé à la mosquée de la Grand-Combe, dans le Gard, la procureure de la République de Nîmes Cécile Gensac a fait le point sur l'enquête et a également expliqué pourquoi le Parquet national antiterroriste ne s'est pas saisi.
• Le suspect n'a "pas encore été remis" à la France
Après avoir pris la fuite en Italie, le principal suspect du meurtre d'Aboubakar Cissé, Olivier A., s'est rendu à la police italienne dimanche soir au commissariat de Pistoia, près de Florence.
Le suspect "n'a pas encore été remis aux autorités françaises", a précisé Cécile Gensac, qui a salué "la grande efficacité et la grande réactivité" de la justice italienne avec laquelle "une coopération (...) fluide" a été mise en place. Le transfèrement pourrait intervenir "d'ici la fin de la semaine prochaine", a-t-elle précisé.
• "Pas de qualification terroriste"
Alors que que se pose depuis une semaine des questions autour de la non-saisine du dossier de la part du Pnat (Parquet national antiterroriste), Cécile Gensac a confirmé que le Pnat "n’a pas retenu de qualification terroriste et ne s’est pas saisie des faits commis".
Elle a rappelé "qu'en aucun cas, la saisine du Pnat serait une relativisation de la gravité des faits commis, qui en l'état, font encourir la réclusion criminelle à perpétuité" à Olivier A..
"Le ciblage à raison de la race et de la religion n'est pas un critère suffisant de la saisine du Pnat. Le caractère potentiellement international de l'affaire non plus", a fait valoir la procureure.
La procureure de Nîmes décrit le meurtre d'Aboubakar Cissé comme émanant d'un individu "dans un contexte isolé, sans revendication idéologique ou lien avec une organisation diffuserait une revendication idéologique". "Les ressorts pour agir de l'agresseur sont très vite apparus comme profondément personnels: envie de tuer, quelle que soit la cible, et fascination morbide."
• Olivier A., un suspect "très actif sur les réseaux sociaux"
Olivier A., le principal suspect, est un homme né le 19 octobre 2004 qui réside à la Grand-Combe. La procureure de Nîmes Cécile Gensac a précisé qu'il est un "chrétien non pratiquant" et "très actif sur les réseaux sociaux".
Selon les premiers éléments de l'enquête, il avait fait part très peu de temps avant le meurtre d'Aboubakar Cissé, notamment via la plateforme Discord, de son intention de "violer des femmes, de tuer".
Le jeune homme "avait annoncé en amont qu'il allait s'en prendre physiquement à quelqu'un, sans préciser ni qui ni où, et sans faire référence à une ethnie ou une religion, épris d'une volonté farouche de tuer quelqu'un et à défaut de se suicider, le tout comme un acte libérateur", a ajouté Cécile Gensac.
Le jour même du meurtre d'Aboubakar Cissé, Olivier A. a également écrit dans une discussion avec un internaute: "Je vais le faire aujourd’hui, je vais le faire dans la rue."
• Aboubakar Cisssé, un homme "dévoué et agréable"
Tué de 57 coups de couteau, Aboubakar Cissé est arrivé en France "aux alentours possiblement autour de 2018" sous le statut de mineur non accompagné et se disait né en 2003, a fait savoir Cécile Gensac. Il avait fait une "insertion discrète" à La Grand Combe, dans le Gard avec pour objectif d'une "vie personnelle sans histoire et volontairement éloignée de certaines mains tendues".
La magistrate le décrit comme "dévoué et agréable", expliquant que la mosquée était pour lui "un refuge" et "il s'adonnait à des tâches d'entretien au sein de cet établissement au sein duquel il pratiquait sa religion".
"Rien, en l'état, ne permet de supposer, qu'il avait déjà croisé le parcours de son agresseur" à la mosquée de La Grand-Combe, a encore ajouté la procureure de la République de Nîmes.