INFO BFMTV. Meurtre de Philippine: extrême dangerosité, amnésie "factice et utilitaire"... Les conclusions de l'expertise psychiatrique du suspect

Taha O., soupçonné du meurtre de Philippine en septembre et arrêté en Suisse, a été remis aux autorités françaises et doit être présenté à un juge d'instruction - GEOFFROY VAN DER HASSELT © 2019 AFP
Le 20 septembre prochain, cela fera un an que Philippine Le Noir de Carlan, 19 ans, a été tuée dans le bois de Boulogne en pleine après-midi, alors qu'elle venait de quitter son université parisienne.
L'instruction judiciaire est toujours en cours, mais selon les informations de BFMTV, l’enquête a déjà permis de mettre en lumière la très grande dangerosité du suspect, Taha O., en pleine possession de ses moyens au moment du passage à l'acte présumé.
"La promotion du mal et la cruauté"
C'est ce que montre notamment une expertise psychiatrique et psychologique du jeune homme, actuellement en détention provisoire, réalisée en décembre dernier dont BFMTV a pu prendre connaissance.
"La dangerosité sociale paraissait majeure", écrit le médecin psychiatre dans ses conclusions, qui évoque "l'hypothèse d'une psychopathie avec des éléments pervers", "une délinquance sérielle" et "un risque de récidive de violence en générale". Taha O. fait d'ailleurs depuis tout petit "la promotion du mal et la cruauté", selon ses parents.
"Affects superficiels, manipulation, mensonge, dissimulation, égocentrisme", "absence d'empathie et de culpabilité", le suspect cumule les comportements néfastes d'après cette expertise.
Le médecin revient également sur les explications du suspect à propos du meurtre de Philippine qu'il a partiellement avoué lors de son premier interrogatoire en décembre 2024. Ce jour-là, Taha O. avait dit avoir entendu des voix qui l'auraient poussé "à faire du mal à quelqu'un". "Des éléments de manipulation, afin de brouiller les pistes et se déresponsabiliser", estime l’expert.
Une amnésie "factice et utilitaire"
Face aux questions lors de ses deux interrogatoires, le jeune homme dit également être amnésique, selon les informations de BFMTV. "Je ne sais pas" ou "je ne me rappelle pas" sont presque systématiquement les uniques réponses de Taha O. aux plusieurs centaines de questions des juges d'instruction, qui dirigent l’enquête. Le suspect explique n'avoir que des flashs. Et se souvenir seulement "d'avoir fait quelque chose de grave".
Une amnésie feinte, "factice et utilitaire" selon l'expert psychiatre, qui souligne son attitude très rationnelle après le crime: fuite vers la Suisse, utilisation de la carte bancaire de la victime, "nombreuses précautions pour ne pas se faire repérer"... Pour le médecin, qui ne relève aucun trouble cognitif, ces trous de mémoire n’existeraient que pour permettre au suspect de ne pas s'expliquer sur ce qui lui est reproché.
L'expertise n'a d'ailleurs pas permis de déceler chez lui "de trouble psychique ou neuropsychique de nature à abolir ou altérer son discernement", ni même de maladie mentale. Aucun doute donc pour le médecin que Taha O. était en pleine possession de ses facultés mentales au moment du présumé passage à l'acte, et qu'il pourrait être jugé un jour pour ces faits devant une cour d’assises.
Le 5 septembre 2019, le jeune homme avait déjà violé une jeune femme dans le Val d’Oise. Il avait été condamné à sept ans de prison. Lors de cette instruction il avait été expertisé deux fois. Des expertises qui, sans être aussi fouillées, disaient déjà sa dangerosité, son absence de culpabilité et la pleine possession de ses capacités mentales.
Taha O., en détention provisoire depuis son arrestation, est actuellement mis en examen pour "meurtre suivi de viol en récidive" et "vol en récidive". S’il est jugé un jour pour ces faits, il risque la réclusion criminelle à perpétuité.