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Police-Justice

"J'aurais besoin qu'elle me fasse un signe": un après la mort de Philippine, ses parents s'expriment

Philippine, jeune étudiante de 19 ans, dont le corps a été découvert sans vie le 21 septembre 2024, dans le bois de Boulogne à Paris.

Philippine, jeune étudiante de 19 ans, dont le corps a été découvert sans vie le 21 septembre 2024, dans le bois de Boulogne à Paris. - BFMTV

Les parents de Philippine, tuée dans le bois de Boulogne par un homme visé par une OQTF, ont livré au Figaro leur ressenti un an après la mort de leur fille.

De la douleur et une colère sourde. Un an après la mort de Philippine, tuée dans le bois de Boulogne par un Marocain visé par une OQTF, ses parents ont confié leur tristesse dans les colonnes du Figaro.

Étudiante à l'université Paris-Dauphine, Philippine est morte étranglée alors qu'elle rentrait chez elle, en plein après-midi. Âgée de 19 ans au moment du meurtre, elle était une jeune femme "courageuse, rayonnante, intelligente", ont rendu hommage ses parents Loïc et Blandine.

"J'aurais besoin qu’elle me fasse un signe"

Leur fille repose au cimetière municipal de Montigny-le-Bretonneux (Yvelines), juste derrière le domicile familial. "Je suis catho, je suis persuadée que Philippine est à côté du Père. J’ai enterré ma fille mais j’aurais besoin qu’elle me fasse un signe. Et peut-être que là je pourrais la laisser partir", a confié sa mère Blandine, enseignante.

"Je n’ai pas avancé d’un pouce depuis un an, je suis à moitié morte. Presque tous les jours, j’ai des petites choses à lui dire, et c’est le silence", poursuit-elle.

Un an après sa mort, les parents de Philippine ne veulent pas polémiquer. "Ce n’est pas notre état d’esprit. Ce que l’on veut c’est rendre hommage à Philippine", explique le père Loïc, ingénieur en nucléaire.

Les parents restent malgré tout "révoltés" par les conditions de la mort de leur fille: "cet individu n’aurait jamais dû se trouver sur son chemin", affirment-ils.

Immense émoi et vie polémique

Le meurtre de Philippine avait suscité un immense émoi en France, jusqu'au président Emmanuel Macron, qui avait exprimé "l'émotion de toute la Nation" après un "crime odieux". Le drame avait aussi provoqué une vive polémique sur les raisons de la présence du suspect sur les lieux du crime.

Taha Oualidat, Marocain âgé de 22 ans au moment des faits, avait été condamné en 2021 pour viol, puis libéré en juin 2024, "en fin de peine" selon le parquet de Paris. Visé par une obligation de quitter le territoire français (OQTF), il avait ensuite été placé en centre de rétention administrative à Metz dans l'attente du feu vert du Maroc pour le renvoyer dans son pays d’origine. Mais ce feu vert ne s'est jamais allumé.

Dans une ordonnance datée du 3 septembre, le juge des libertés et de la détention a rejeté une quatrième prolongation de rétention du détenu, permettant sa libération. À sa sortie, il a été assigné à résidence dans un hôtel de l'Yonne où il ne s'est jamais rendu. N'ayant pas respecté son obligation de pointer, il a été inscrit au fichier des personnes recherchées la veille du meurtre, le 19 septembre.

"Ce n’est jamais la faute de personne. Ceux qui ont failli à leur fonction n’ont pas eu un mot pour Philippine, aucun n’a envoyé une gerbe sur sa tombe. Cela montre à quel point ils ne se sentent ni coupables ni responsables", a dénoncé la mère de Philippine auprès du Figaro. "Mais on a assez de peine pour ne pas se taper la tête contre le mur. Peut-être que je serai plus en colère quand j’aurai moins de peine".

Les parents de Philippine soutenaient la loi portée par le député LR Olivier Marleix, allongeant la durée maximale de rétention pour les étrangers jugés dangereux. Adopté par l’Assemblée nationale, le texte a été - en partie - censuré par le Conseil constitutionnel début août. Une décision qui "écœuré" la mère de Philippine. "Comment des hommes et des femmes peuvent prendre le risque que nos jeunes soient assassinés?", conclut-elle.

François Blanchard