"Il répond aux questions et coopère": l'avocate de Dominique Pelicot revient sur son audition pour deux "cold cases"

Dominique Pelicot est-il impliqué dans d'autres dossiers? Déjà condamné à 20 ans de réclusion pour des viols en série sur son ex-épouse, il a été entendu jeudi 30 janvier par une juge d'instruction du pôle "cold cases" de Nanterre sur son potentiel rôle dans deux affaires dans les années 1990, dont un meurtre avec viol.
L'homme de 72 ans est mis en examen dans deux affaires de violences sexuelles dont le meurtre avec viol de Sophie Narme à Paris en 1991, qu'il nie, et une tentative de viol en Seine-et-Marne en 1999, qu'il reconnaît après avoir été confondu par son ADN.
Invitée sur BFMTV ce vendredi 31 janvier, son avocate, Me Béatrice Zavarro, est revenue sur cette audience qui a duré plusieurs heures. "L’attitude de Dominique Pelicot est la même que celle qu’il a eu depuis sa mise en examen, il répond aux questions et coopère", assure la femme de loi.
"Et surtout, il explique son positionnement à l’égard des deux faits qui lui sont reprochés depuis octobre 2022", ajoute-t-elle.
"Une pulsion" en 1999
En ce qui concerne la tentative de viol en Seine-et-Marne en 1999 sur une agente immobilière de 18 ans nommée Marion (nom d'emprunt), Béatrice Zavarro l'assure, Dominique Pelicot "n’a pas dévié de sa route" après avoir "reconnu sa participation", lors d'une garde à vue en 2022.
Lorsque l'ADN de Dominique Pelicot a été prélevé dans le cadre de l'affaire des viols de Mazan, une correspondance a été faite avec l'ADN retrouvé pour cette enquête.
"Il explique qu’il a eu une pulsion vis-à-vis de cette jeune femme, qu’il y a eu une agression physique de cette jeune femme, et qu’à un moment donné, quand elle se débat, il réalise ce qu’il est en train de faire et s’en va", détaille-t-elle.
Lors de son procès devant la cour criminelle du Vaucluse, il avait donné quelques détails concernant cette affaire.
"Par rapport à Marion, c'est bien moi", avait-il reconnu. Il avait été interrogé par plusieurs avocats de la défense sur ces faits annexes pour appréhender davantage sa personnalité. "J'ai retiré son T-shirt, ses chaussures et son pantalon, (mais) je n'ai rien fait", avait-il assuré.
Pourquoi prend-il la fuite à cette occasion? "J'ai eu un blocage en pensant que ça aurait pu être ma fille", avait-il répondu.
Pelicot nie son implication dans un meurtre de 1991
Pour le meurtre de Sophie Narme, Dominique Pelicot persiste et signe: "Je ne connais pas cette jeune femme, je n’étais pas à l’adresse de l’appartement qui était mis en vente, je n’étais pas sur place", a-t-il dit lors de son audition, rapporte Béatrice Zavarro.
Selon elle, pour ce cas précis, on est "davantage sur un rapprochement de mode opératoire", et "il n’y a pas d’indices graves et concordants militant en faveur d’une culpabilité de Pelicot sur les faits de 1991."
"La juge d'instruction a voulu démontrer à Dominique Pelicot qu’il y avait des similitudes. Il a simplement dit ‘j’ai 72 ans, aujourd’hui, c’est plus derrière moi que devant moi, si j’avais quelque chose à me reprocher sur les faits de 1991 je vous le dirais." Il n’y a pas d’autres possibilités, il a toujours été très clair dès le départ", assure l'avocate.
Les deux femmes ont été déshabillées de la même manière et une forte odeur d'éther avait été sentie sur la scène du crime pour Sophie Narme, substance utilisée pour agresser Marion.
"Je n’ai rien concernant ces deux affaires"
En ce qui concerne deux autres affaires, une agression sexuelle survenue à Chelles (Seine-et-Marne) en 2004 et le témoignage d'une adolescente de 12 ans, elles n'ont pas été abordées lors de cette audience.
"Ce n’est pas l’objet de sa saisine, elle ne peut pas en faire allusion. Je n’ai aucun élément objectif, je n’ai rien concernant ces deux affaires", martèle Béatrice Zavarro, qui assure être la seule avec qui Dominique Pelicot "échange de façon assez régulière" depuis son incarcération.
À l'issue du procès au retentissement mondial qui a duré quatre mois en fin d'année dernière à Avignon, 50 hommes ont été reconnus coupables et condamnés pour avoir violé sur invitation de son ex-mari Gisèle Pelicot, depuis devenue une icône féministe.
Parmi ces hommes reconnus coupables, 14 ont fait appel, auquel le parquet a répondu par un appel dit "incident", c'est-à-dire visant chacun de ces hommes.
Le procès en appel devrait se tenir devant la cour d'assises du Gard à une date encore indéterminée entre septembre et décembre 2025. Dominique Pelicot n'a lui pas fait appel.