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Police-Justice

"Il nous a éteints à petit feu": avant le procès Lelandais, les parents de Maëlys se confient

Lors de l'enterrement de Maëlys, des ballons blancs étaient venus fleurir les rues de la Tour-du-Pin, en Isère

Lors de l'enterrement de Maëlys, des ballons blancs étaient venus fleurir les rues de la Tour-du-Pin, en Isère - ROMAIN LAFABREGUE / AFP

Jennifer Cleyet-Marrel et Joachim de Araujo se confient sur leurs attentes à l'aube du procès du meurtrier présumé de leur fille et sur le retour impossible à une vie normale.

"Ça fait quatre ans qu’il ment". Le procès de Nordahl Lelandais doit s'ouvrir le 31 janvier, devant la cour d'assises de l'Isère, à Grenoble, pour "le crime de meurtre de Maëlys de Araujo, précédé de l'enlèvement et de la séquestration de l'enfant". Depuis la disparition de la fillette de 8 ans dans la nuit du 26 au 27 août 2017, ses parents vivent "un supplice". Ils se confient au Dauphiné.

A l'aube du procès, Jennifer Cleyet-Marrel et Joachim de Araujo ont néanmoins peu d'espoir de connaître enfin la vérité. "Il va nous falloir supporter les mensonges de cet individu. Lui seul connaît la vérité", explique la mère de Maëlys.

"Et même s’il avouait, qui pourrait encore le croire?", s'interroge-t-elle.

"Il nous a tellement fait attendre et attendre encore (...). Pour nous, c’était insupportable. Alors que, depuis le 28 août 2017, on savait que c’était lui. Il nous a fait endurer un supplice. Il nous a éteints à petit feu. On aura de toute façon du mal à croire ce qu’il va nous dire", poursuit-elle.

Une attente "insupportable"

Alors que la famille participe à un mariage, à Pont-de-Beauvoisin, petite commune iséroise, où Nordahl Lelandais est également invité, Maëlys disparaît. Très vite, cet ancien maître-chien est suspecté. Toutefois, il lui faudra six mois après sa mise en examen pour avouer avoir "involontairement" tué l'enfant, alors que des traces ADN avaient été retrouvées dans sa voiture. Une attente "insupportable" pour sa famille.

Même s'ils s'interdissent "d’imaginer le pire", Jennifer Cleyet-Marrel et Joachim de Araujo attendent du procès la vérité sur le meurtre de leur fille.

"Elle ne serait jamais partie avec un inconnu, ce n’est pas possible. Il nous dira peut-être enfin comment il a fait pour la mettre dans sa voiture et puis l’enlever. Sauf que depuis le début, il n’assume rien", estime la maman.

"J'ai peur qu'il recommence"

Les deux parents appréhendent l'ouverture du procès, mais avant tout, ils ont "hâte".

"Ce que j’attends le plus, c’est le verdict final", confie Joachim de Araujo.

Il souhaite que Nordhal Lelandais "reste le plus longtemps possible en prison, parce que c’est un danger pour la société". L'ancien maître-chien a déjà été condamné en mai 2021 à 20 ans de prison dans le cadre du meurtre du caporal Arthur Noyer.

"En prison, il va arrêter de faire du mal aux gens. Quand il aura 70 ans, ça restera un prédateur. Il sera toujours mauvais. Il y a beaucoup de récidivistes en France. J’ai peur qu’il ressorte et qu’il recommence. Qu’il fasse encore souffrir des familles, des enfants", poursuit Jennifer Cleyet-Marrel.

Il est également renvoyé devant la justice pour "les délits d'agressions sexuelles sur deux cousines [...] mineures de 15 ans et pour détention et enregistrement d'images pédo-pornographiques".

L'impossible deuil

Leur vie, elle, "se maintient sur un fil". Depuis le drame, le couple s'est séparé et le père a perdu son travail.

"Notre clan à quatre a été dissous", regrette la mère de la fillette.

Le retour à un semblant de vie normale est impossible mais "malheureusement, on n’a pas inventé la machine à remonter le temps", continue-t-elle.

"Moi, j’avais une famille, on s’entendait bien. Des enfants, une épouse, un emploi. Et puis d’un seul coup, il n’y a plus rien. À quoi on peut se rattacher maintenant? Je vis dans la mélancolie (...). Je m’interdis de faire des choses. Des choses normales de la vie", explique Joachim de Araujo.

"Ne serait-ce qu’un sourire, je me dis 'non, t’as pas le droit'", poursuit le mère de la fillette.

Toutefois, l'arrivée du procès apporte une petite lueur. "Maëlys, malgré ses 8 ans, a réussi à mettre un assassin en prison", raconte Jennifer Cleyet-Marrel. Difficile néanmoins pour les parents de savoir comment ils réagiront le moment venu. "Tout ce qui sort de sa bouche, c’est du venin. L’entendre, ça va peut-être me tendre, physiquement. Comment rester calme…", s'interroge le père de Maëlys.

Salomé Robles