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"Il est mort pour rien": la veuve du chauffeur de bus tué à Bayonne dénonce une "gifle" après la requalification des faits

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Le juge d'instruction en charge du dossier a renvoyé les deux agresseurs pour "coups mortels" et non pour "homicide volontaire". La veuve du chauffeur de bus tué en 2020 dénonce "une gifle énorme".

Les deux agresseurs d'un chauffeur de bus tué à Bayonne en juillet 2020 échappent aux assises. Le juge d'instruction en charge de ce dossier a renvoyé les deux hommes pour "violences volontaires ayant entraîné la mort sans intention de la donner" et non pour "homicide volontaire". Une décision incompréhensible pour la famille de la victime.

"C'est une gifle énorme, confie sur BFMTV Véronique Monguillot, la veuve du chauffeur de bus. Nous sommes anéantis. Nous n'avons pas franchement de mots, nous ne nous attendions pas à ça. On avait confiance et en fait mon époux est mort pour rien."

Philippe Monguillot a été violemment pris à partie par deux hommes lors d'un contrôle de titres de transport. De nombreux coups ont été portés, notamment à la tête, à ce père de famille de 59 ans. Au cours de l'agression, il a reçu un coup le faisant tomber, lui causant un traumatisme crânien et une hémorragie cérébrale. L'homme était alors en mort cérébrale. Il était décédé cinq jours plus tard.

"Il y a eu l'intention de le tuer"

Pendant deux ans, le juge d'instruction a enquêté sur cette agression mortelle. Il a visionné les images de vidéosurveillance, entendu les suspects, de nombreux témoins, organisé une reconstitution. Au terme de ses investigations, le magistrat n'a pas acquis la certitude que les deux hommes âgés de 24 ans avaient eu l'intention de tuer en portant leurs coups.

"Quand vous tapez quelqu'un au sol, à coups de pied dans la tête, (...) quand vous donnez des coups d'une extrême violence qui l'ont dégradé à un point, c'est une évidence (qu'il y a eu intention de le tuer, NDLR), martèle Véronique Guillot. Mon mari s'est relevé pour aller se protéger dans son bus et on est venu l'achever, poursuit-elle. Il y a des mots prononcés par les individus, dont les témoins ont tout dit et tout écrit, il y a eu intention de le finir. C'est une phrase qui a été dite par l'un des agresseurs 'on va te démonter dehors, on va te finir'."

Absence de soutien

Le parquet de Bayonne a annoncé avoir fait appel de l'ordonnance rendue par le juge d'instruction. Une audience aura lieu devant la chambre de l'instruction le 24 juin prochain. "J'espère beaucoup", souffle la veuve du chauffeur de bus qui regrette qu'elle et ses trois filles n'aient pas été assez soutenues depuis le drame.

"Pourquoi notre président de la République ne s'est pas rapproché de nous? Pourquoi nous avons eu des coups de fil de personnalités, mais pas de lui?, interroge-t-elle. Ca veut dire qu'on est rien, qu'on nous a oublié? Imaginez ce qu'on peut penser..."

Si l'ordonnance du juge était confirmée, les deux agresseurs seront jugés pour "violences volontaires ayant entraîné la mort sans intention de la donner" devant une cour criminelle composée de magistrats professionnels uniquement.

Il risqueraient alors jusqu'à 20 ans de prison, ces violences ayant été commises sur une personne chargée d'une mission publique. Devant une cour d'assises, les jurés pourraient prononcer la réclusion criminelle à perpétuité.

https://twitter.com/justinecj Justine Chevalier Journaliste police-justice BFMTV