Financement libyen: en plus de Nicolas Sarkozy, qui sont les autres accusés du procès?

Nouveau rendez-vous avec la justice pour Nicolas Sarkozy. L'ancien président de la République est attendu au tribunal de Paris dans l'après-midi de ce lundi 6 janvier, cette fois pour répondre, pendant quatre mois et aux côtés de trois anciens ministres, aux accusations de financement illégal de sa campagne de 2007 par la Libye de Mouammar Kadhafi.
L'ancien président, 69 ans, est jugé pour "financement illégal de campagne électorale", "corruption passive", "recel de détournement de fonds publics" et "association de malfaiteurs".
Il accusé d'avoir pactisé avec Mouammar Kadhafi aux fins de faire financer sa campagne, et d'avoir eu connaissance ensuite des différentes tractations entre ses proches et les proches du dictateur pour faire affluer de l'argent pour sa campagne en échange de différentes contreparties.
Nicolas Sarkozy encourt jusqu'à 10 ans de prison, 375.000 euros d’amende, interdiction des droits civiques (parmi lesquels le droit de vote ou l’éligibilité), et d’exercer une fonction publique.
Il sera présent pour l'ouverture de son procès à 13h30, assure son entourage, le disant "combatif" et "déterminé" à prouver son innocence face à ce qu'il a toujours qualifié de "fable." Nicolas Sarkozy n'est toutefois pas le seul à comparaître dans le cadre de cette tentaculaire affaire puisqu'au total, treize hommes sont jugés. BFMTV.com dresse la liste des suspects appelés à comparaître.
Le Clan Sarkozy
• Claude Guéant. L'ancien ministre de l'Intérieur a entretenu des liens très étroits avec l'intermédiaire Ziad Takieddine, a rencontré à plusieurs reprises des dignitaires libyens. Il a touché 500.000 euros de la vente de deux tableaux à un avocat malaisien, dont la valeur a été estimée a posteriori à 50.000 euros, une opération considérée par les enquêteurs comme un enrichissement personnel, versé à travers différentes sociétés écrans.
• Brice Hortefeux. Également ancien ministre de l'Intérieur, il est accusé d'avoir été également en relation avec Ziad Takieddine dans le cadre de tractations secrètes. Lors de l'annonce de sa mise en examen en 2020, il avait exprimé "sa totale surprise et souligné qu'"une mise en examen ne présage en rien d'une culpabilité."
• Éric Woerth. Pour sa part, l'ex ministre du Travail est accusé d'avoir écoulé des espèces au sein de l'UMP en rémunérant certains salariés par des enveloppes, hors de toute comptabilité. Selon lui, ces espèces provenaient de dons de militants anonymes.
• Thierry Gaubert. L'ancien proche de Nicolas Sarkozy est soupçonné d'avoir touché du régime libyen 440.000 euros, pour alimenter ensuite la campagne. Dans son agenda, les enquêteurs retrouvent une mention "NS campagne" un mois avant le virement, alors qu'il n'est officiellement plus en contact avec Nicolas Sarkozy à cette époque.
Les intermédiaires
• Alexandre Djouhri. Cet intermédiaire franco-algérien, qu'on peut également qualifier d'agent de corruption présumé, il est à la tête d'un des deux réseaux de corruption présumée entre la France et la Libye. Il a notamment vendu sa villa à Mougins à un prix surrévalué à la Libye.
• Ziad Takieddine. Intermédiaire franco-libanais qui devrait être absent du procès, qu'on peut également qualifier d'agent de corruption présumé, est à la tête d'un des deux réseaux de corruption présumée entre la France et la Libye. Il a longtemps été l'un des principaux accusateurs, affirmant qu'il a transporté des valises d'espèces entre la Libye et les bureaux de Claude Guéant. Il est en fuite au Liban.
L'ex-cadre d'Airbus
• Edouard UIlmo. Il est mis en cause pour une rétrocession d'argent envers Alexandre Djouhri après la vente de douze Airbus à Kadhafi.
Le Clan Kadhafi
• Wahib Nacer. Ce banquier franco-djiboutien est accusé d'opérations financières impliquant Djouhri, Guéant et les comptes des Bughsan.
• Ahmed Saleb Bughsan, un Saoudien dont les comptes auraient servi à faire transiter de l'argent.
En revanche, plusieurs suspects evraient pour leur part être absents de ce procès parisien.
•Bechir Saleh. elchef de cabinet de Kadhafi, qui a supervisé l'opération de rachat de la villa Mougins de Djouhri à un prix surrévalué, est est en fuite à l'étranger. Il avait été exfiltré en France.
• Khaled Bughsan. Un Saoudien dont les comptes auraient servi à faire transiter de l'argent.
• Siva Rajendram. Un avocat malaisien, aujourd'hui disparu, a bénéficié d'un virement suspect de 500.000 euros de Khaled Bughsan une semaine avant d'acheter pour cette même somme deux tableaux à Claude Guéant, évalués en réalité à 50.000 euros.
C'est le cinquième procès en cinq ans de Nicolas Sarkozy, condamné en première instance et en appel dans le dossier Bygmalion (sur le financement de sa campagne de 2012, il a formé un pourvoi en cassation), et dans le dossier Bismuth.
Dans cette dernière affaire, dite "des écoutes", son pourvoi a été rejeté mi-décembre, rendant définitive sa condamnation à un an de prison ferme sous bracelet électronique, une sanction inédite pour un ancien président.