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Police-Justice

Féminicide à Paris: où en sont les recherches du policier en fuite?

(Photo d'illustration)

(Photo d'illustration) - DENIS CHARLET © 2019 AFP

Gérald Darmanin a annoncé ce mardi avoir saisi l'IGPN pour connaître le "pedigree" du policier toujours en fuite. Ce dernier est soupçonné d'avoir tué sa compagne en l'étranglant le 28 janvier à Paris.

Onze jours de recherches, et toujours pas de trace du policier en fuite. Le 28 janvier dernier, une jeune femme de 28 ans a été retrouvée morte dans le XIXe arrondissement de Paris. Son compagnon, un policier soupçonné de l'avoir tuée en l'étranglant, n'a pas encore été retrouvé. L'homme avait déjà été condamné pour des faits de violences conjugales par le passé, ce pour quoi il avait effectué un stage de sensibilisation.

Interrogé sur BFMTV ce mardi matin, Gérald Darmanin a assuré que des "moyens importants" ont été mis en oeuvre pour retrouver sa trace. "De nombreuses opérations de police et de gendarmerie sont faites en ce moment même", a précisé le ministre de l'Intérieur.

"Par ailleurs j'ai demandé au préfet de police de saisir l'IGPN pour connaître l'histoire, le pedigree de ce policier qui avait déjà été condamné pour violences conjugales, mais seulement à un stage de sensibilisation", a-t-il également annoncé.

Déjà condamné, le policier devait-il conserver son arme?

Sans nouvelles du fonctionnaire, c'est en se rendant à son domicile que sa hiérarchie découvre le corps de la jeune femme le 28 janvier. Son compagnon, parti avec son arme de service en voiture, est introuvable.

C'est justement ce point qui a fait réagir les autorités: condamné pour violences conjugales, le policier était-il en droit de garder son arme? Sa hiérarchie a-t-elle été trop négligente sur son cas? C'est tout l'objet d'une enquête ouverte par l'IGPN après la mort de la jeune femme.

"J'ai donné comme consigne que toute personne dans la police et la gendarmerie condamnée pour violences conjugales ou pour trafic ou consommation de stupéfiants à de la prison ferme ou avec sursis, doit quitter la police nationale ou la gendamerie nationale. Effectivement, il appartient à la hiérarchie, si elle constate un fait comme celui-ci dans la vie personnelle d'un policier ou d'un gendarme, de retirer l'arme administrative si elle juge que c'est nécessaire", a rappelé Gérald Darmanin sur BFMTV.

Interrogations sur les réseaux sociaux

L'histoire de la jeune femme a beaucoup agité les réseaux sociaux. De nombreux internautes se sont notamment émus de ne pas voir d'avis de recherche circuler pour faire avancer l'enquête.

Certains estiment même qu'il s'agit d'une volonté des enquêteurs pour couvrir le policier en fuite. Des accusations injustifiées, selon Denis Jacob, interrogé sur BFMTV samedi. Le secrétaire général du syndicat Alternative Police rappelle que les avis de recherche ne sont pas diffusés sur décision de la police, mais de la justice.

"C'est le parquet ou le juge d'instruction qui décide de diffuser un avis de recherche avec un portrait-robot ou une photo", avance Denis Jacob.

Des associations féministes se sont également emparées de ce féminicide pour relancer le débat autour des membres des forces de l'ordre condamnés pour violences intrafamiliales qui restent en fonction.

"Comment un policier connu pour des faits de violences est-il toujours en fonction?!" s'interrogeait le collectif #NousToutes sur Twitter le 29 janvier.

À l'été 2021, plusieurs de ces organisations lançaient une pétition pour alerter sur ce phénomène, après la mort de Chahinez Daoud, tuée par son ex-conjoint à Mérignac en mai. En juillet, le Canard Enchaîné révélait que le policier qui avait pris la plainte de la victime avait lui-même été condamné à huit mois de prison avec sursis pour des violences intra-familiales.

Elisa Fernandez