"Je ne vois pas l'intérêt": mystère autour d'un vol de 517 oiseaux empaillés dans un musée de Loire-Atlantique

Près de 500 oiseaux empaillés ont été volés le 3 mars 2025 dans un musée de Loire-Atlantique (photo d'illustration) - Joël Saget / AFP
Une mystérieuse histoire. 517 oiseaux empaillés ont été volés le 19 février dernier au musée des oiseaux de Trignac en Loire-Atlantique, rapporte la presse locale. Un vol réalisé avec méticulosité: "Pas une seule vitrine brisée, pas un seul carton ou nid par terre, c'est du travail de pro et c'est d'autant plus étonnant", constate le maire de la commune, Claude Aufort, interrogé par Ici Loire Océan.
"Il s'agit sûrement de personnes qui s'y connaissent et qui savaient ce qu'ils venaient chercher. On ne vient pas ici par hasard. Rien n'a été abîmé, ça a été fait de manière à prendre les oiseaux, sans laisser aucune trace", abonde auprès de Ouest France Hervé Morice, adjoint au maire chargé de la culture. La mairie a déposé une plainte auprès de la gendarmerie.
Ce vol est d'autant "plus surprenant" que cette collection - sur laquelle un travail de conservation était appliqué depuis 2023 - n'a aucune valeur commerciale.
"Sauf à être un collectionneur qui n'y connaîtrait pas grand-chose ou un fou de taxidermie, je ne vois vraiment pas l’intérêt", affirme un taxidermiste, Bruno Guichard, à Ouest France.
"Si le voleur en tire 1 euro par oiseau, ce sera bien le maximum", s'exclame de son côté, Aline Donini, également taxidermiste.
"Près de la moitié était rongée par les poux et la vermine"
Ces oiseaux, qu'ils soient du bord de mer, des marais, rares comme le butor étoilé ou communs comme le merle, ont de plus été naturalisés de manière artisanale et amatrice. Cette collection avait été confectionnée depuis les années 1960 par une figure locale, l'ornithologue et prêtre-ouvrier Jo Patron, qui avant son décès en 2021 avait fait don de sa collection à la commune.

"À l’époque, M. Patron faisait ce qu’il pouvait mais les méthodes n’étaient pas les mêmes. Aujourd’hui, on travaille avec la résine et du latex notamment. Dans ces années-là, les animaux étaient fourrés à la paille. La qualité de conservation n’avait rien à voir avec celle d’aujourd’hui", explique le taxidermiste, Bruno Guichard. Aline Donini parle même de "techniques toxiques" à base d’arsenic.
"Près de la moitié était rongée par les poux et la vermine", assure le maire de Trignac qui se dit "encore stupéfait" trois semaines après les faits.
"Une valeur historique et patrimoniale forte"
Si cette collection n'avait pas de valeur marchande, elle avait une valeur sentimentale et une visée pédagogique. Tant pour les techniques "traditionnelles" de naturalisation que pour la biodiversité qu'elle représente.
Pour la taxidermiste Aline Donini, cette collection avait "une valeur historique et patrimoniale forte". "Elle révélait l’histoire de la ville et des gens. Dans cette collection, il y avait des espèces protégées (...) C’était l’occasion de parler de protection de la Nature, de la destruction des haies, des marais et des oiseaux. C’est tout ça qui disparaît", déplore-t-elle.
"Ces oiseaux étaient à nos yeux d'une valeur inestimable", assure le maire Claude Aufort.
Pour l'adjoint au maire chargé de la culture, Hervé Morice, la collection a été la cible "d'un marché de revente d’oiseaux au niveau national". Quand le maire pense plutôt à une "commande d'un collectionneur".
"Tous nos oiseaux sont fichés, s'il y a la moindre transaction sur Internet, les gendarmes remonteront la piste aussitôt" tente de rassurer Claude Aufort, même s'il ne se fait pas d'illusions. "Ces oiseaux sont sans doute aujourd'hui bien loin".