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Police-Justice

Enlèvement dans l'Allier: comment les policiers ont mis la main sur le prédateur de Bellerive

Un véhicule de police.

Un véhicule de police. - AFP

Un homme de 34 ans a été mis en examen jeudi pour au moins 5 faits, dont la tentative d'enlèvement d'une fillette de 5 ans à Bellerive-sur-Allier, en 2015. Le résultat d'un travail de fourmi alors que le suspect, habitant de cette commune près de Vichy, était jusqu'alors sans histoire.

Il avait fait son terrain de chasse des rues essentiellement pavillonnaires de Bellerive-sur-Allier. Dans cette rurale commune, les 8.500 habitants ont accueilli avec soulagement l'interpellation d'un homme suspecté de plusieurs violations de domicile, dont l'une lui avait permis d'enlever une fillette en 2015. L'homme, âgé de 34 ans, a été arrêté mardi et mis en examen jeudi pour "tentative de viol, enlèvement de mineur de 15 ans, violations et tentative de violation de domicile." 

L'arrestation de ce suspect arrive après quatre ans d'enquête, principalement menée dans la commune de Bellerive-sur-Allier. "Au vu des faits reprochés qui sont circonscrits dans la même zone, on pensait que c'était quelqu'un qui connaissait les lieux", décrypte à BFMTV une source proche de l'enquête. Le point de départ des investigations est daté de la nuit du 30 juin au 1er juillet 2015, lorsqu'un homme au milieu de la nuit s'introduit dans un pavillon puis dans la chambre d'une fillette âgée de 5 ans. Il l'enveloppe dans une couverture puis la jette par la fenêtre de la chambre située à une hauteur de 3m50.

Travail de fourmi

L'agresseur va prendre la fuite après avoir été "dérangé" par des voisins, alertés par les cris de l'enfant, qui n'a pas subi de violences sexuelles. L'enquête est alors confiée au Service régional de police judiciaire de Clermont-Ferrand et au commissariat de Vichy, situé à moins de 4 kilomètres de là. Quelques mois plus tard, l'Office central pour la répression des violences aux personnes, spécialisé dans les affaires complexes, est également saisi. Les enquêteurs ont bien des témoignages et un ADN, mais pas de suspect. Un travail de vérification est réalisé auprès des individus déjà connus pour des faits à caractère sexuel ou des individus qui ont quitté la région, mais aussi pour répertorier des faits similaires localement.

Dans cette petite ville résidentielle au bord de l'Allier, une certaine "psychose" s'est installée. Les fenêtres habituellement laissées ouvertes surtout pendant la période chaude restent closes pendant des mois. "Les habitants étaient plus vigilants, on ne pouvait pas rester sur place sans mettre en place des choses", explique François Sennepin, le maire de Bellerive-sur-Allier. Juste après les faits, la BAC locale a renforcé ses patrouilles, des caméras de vidéosurveillance ont également été installées à l'époque dans la ville. Avec un effectif supplémentaire, la police municipale est chargée de faire des remontées de terrain, comme par exemple alerter quand il y a l'introduction d'individus dans des jardins.

En 2018, peut-être parce que la vigilance baisse, une femme surprend à son domicile de Bellerive-sur-Allier un homme qui s'était introduit dans le pavillon après être passé par la fenêtre de sa chambre. Elle avait réussi à prendre la fuite et à se réfugier chez des voisins après que l'intrus lui a demandé des faveurs sexuelles. Quelques jours plus tard, le 16 février, un père de famille surprend un homme en train de rentrer chez lui en passant par le 1er étage,en escaladant une échelle. Le 24 décembre au petit matin, une mère de famille met en fuite un individu qui là aussi essayait de s'introduire par l'étage de sa maison. Il arrive la même chose à une autre résidente, réveillée en pleine nuit le 30 juin dernier par des bruits provenant des volets de la chambre de sa fillette de 8 ans.

Un suspect "banal"

Trois ans après le premier fait, le mode opératoire est le même, à chaque fois l'homme est dérangé. "Il est excité par l'idée d'entrer par effraction, il a une poussée d'adrénaline, puis il se retrouve démuni", détaille une source proche du dossier. A chaque fois, il laisse des traces ADN. Le lien va être fait, et l'homme confondu, alors que dans le passé une tentative d'intrusion s'était soldée par une main courante. Après quelques vérifications sur la téléphonie, l'homme de 34 ans est interpellé ce mardi et placé en garde à vue. Son ADN "matche" avec celui prélevé sur les autres lieux visités.

"Je félicite le travail des enquêteurs, c'était un véritable travail de fourmi, se réjouit le maire de la commune. Cette arrestation est une satisfaction et même un soulagement. Quatre ans après la première affaire, on pensait qu'on ne l'interpellerait jamais."

Le profil du suspect étonne les enquêteurs, tant l'homme est banal. Il a grandi et a été scolarisé dans les écoles et au collège de Bellerive-sur-Allier. Il a été interpellé chez sa mère, toujours à Bellerive, où il vivait. Sans emploi, il n'avait jamais fait parler de lui, "quelqu'un qui se noie dans la masse", et n'était donc pas connu des services de police, ce qui a rendu plus difficile son identification. Cet homme, décrit comme ayant des soucis affectifs et étant "perdu", n'a rien expliqué aux enquêteurs pendant sa garde à vue sur son passage à l'acte. Désormais, placé en détention provisoire, il sera soumis à des expertises psychologiques et psychiatriques. Les investigations se poursuivent, notamment pour vérifier s'il n'est pas impliqué dans d'autres affaires.

Justine Chevalier