BFMTV
Police-Justice

Enfants otages en Tunisie: Sabine Bruto, "l'autre" Maude Versini

Sabine Bruto ne désespère pas de revoir un jour ses deux fils, Adam et Alexandre.

Sabine Bruto ne désespère pas de revoir un jour ses deux fils, Adam et Alexandre. - Laurent Petiteau - Sabine Bruto

Une jeune mère se bat depuis six ans pour retrouver ses deux fils. Ils sont retenus par leur père en Tunisie, alors qu'il est placé sous mandat d'arrêt international. BFMTV.com a rencontré cette femme.

Mise à jour 13/04: Le père d'Adam et Alexandre a contacté BFMTV.com. Il se dit prêt à signer un accord avec la mère de ses enfants à condition que le mandat d'arrêt international soit levé. Selon les termes de cet accord, qu'il souhaite signer "dès que possible" avec Sabine Bruto, les enfants vivraient en France, et reviendraient en Tunisie lors des vacances scolaires, et lui aurait le droit de les voir lors de ses éventuels séjours en France.

Elle garde une voix enjouée, mais la tristesse et la lassitude affleurent dès qu'elle évoque ses enfants: Sabine Bruto, 33 ans, ne sait plus quoi faire pour retrouver ses deux fils. Adam, 11 ans, et Alexandre, 8 ans, Franco-tunisiens, ont dû quitter il y a bientôt six ans la France, où ils ont grandi, et vivent aujourd'hui en Tunisie avec leur père, après un divorce houleux.

Cet homme d'affaires tunisien, placé sous mandat d'arrêt international, a été condamné en France à deux ans de prison ferme pour enlèvement d'enfants, mais le dossier est au point mort. Sabine Bruto, qui a épuisé tous les recours judiciaires, comptait beaucoup sur la venue à Paris du nouveau président tunisien, Béji Caïd Essebsi, de mardi à mercredi, pour l'approcher et lui parler de son histoire. En vain.

Une rencontre avec Hollande en tête-à-tête

La jeune femme avait pourtant réussi à porter son affaire au plus haut sommet de l'Etat par le passé. En janvier 2014, elle rencontrait dans le plus grand secret François Hollande en tête-à-tête, après avoir mené une grève de la faim très dure. "Le président avait été touché par mon histoire, et il avait demandé à son homologue tunisien de l'époque, Moncef Marzouki, de trouver enfin une solution. Un mois plus tard, j'avais été convoquée au palais présidentiel à Tunis, avec mon ex-mari, la consule française, et plusieurs ministres tunisiens. Nous étions censés trouver un protocole d'accord, comme Maude Versini il y a quelques jours (une mère de famille française dont les enfants étaient retenus par le père mexicain, Ndlr). La rencontre a duré 5 minutes, et n'a servi à rien", lâche-t-elle, écoeurée.

Dernière tentative en date, une médiatrice internationale en décembre dernier, qui a fini par baisser les bras et clore le dossier devant le refus du père de coopérer. "Je ne sais plus quoi faire. La justice française l'a condamné même après son appel, mais il se garde bien de quitter le territoire tunisien. Or, là-bas, c'est un homme prospère, qui bénéficie de protections au plus haut sommet. Il se croit au-dessus des lois, et garde mes enfants otages, sans leur laisser le droit de revoir leur mère. Adam et Alexandre ne sont pas libres. Pourquoi la France les abandonne-t-elle?"

Joints par téléphone, l'Elysée, le Quai d'Orsay et l'ambassade tunisienne à Paris n'ont pas réagi pour le moment.

déplacement d'enfants à l'étranger : plus de 400 cas

Chaque année, le Quai d'Orsay et les consulats de France à l'étranger suivent près de 400 affaires de déplacement illicite d'enfant dans une centaine de pays différents. Les mineurs sont généralement retenus après un séjour à l'étranger, et sont séparés du reste de leur famille de façon soudaine pendant des mois, voire des années, ce que la France considère comme une entrave à l'intérêt supérieur de l'enfant.