EN DIRECT - Procès du 13-Novembre: les accusés ont été interrogés pour la première fois

Mohamed Amri, Mohamed Abrini et Salah Abdeslam dans le box des accusés de la cour d'assises spéciale de Paris le 14 septembre 2021. - Benoit Peyrucq
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La journée a été principalement consacrée à l'audition de Salah Abdeslam qui a "surpris" par son attitude. Calme, répondant à quasiment toutes les questions, l'accusé est revenu sur son enfance "normale", sa scolarité de "bon élève" ou encore son parcours professionnel lui qui était "ambitieux".
Mohamed Abrini a ensuite été interrogé à son tour. Plus confus, il est revenu sur son passé de délinquant. Malgré une enfance dans une famille aimante, à l'abri du besoin, il assure avoir grandi "dans un monde violent".
Les examens de personnalité vont se poursuivre tout au long de la semaine.
Mohamed Abrini se défend d'avoir "commandité" les attentats
Mohamed Abrini a du mal à s'en tenir à la règle édictée par le président de la cour d'assises spéciale à savoir que l'interrogatoire du jour ne doit pas aborder la question des attentats.
Evoquant sa vie d'avant les attentats, celui qui a été surnommé "l'homme au chapeau" explique qu'"on a grandi en Europe, on est sorti en discothèque, on a bu, on a fumé, on est pas sorti du ventre de notre mère avec une kalachnikov à la main".
"On a grandi dans un monde violent", poursuit-il pour justifier son appartenance à l'Etat islamique.
Il évoque aussi la mort de son jeune frère en Syrie, qu'il a présenté comme "le meilleur d'entre nous". Voyant la photo de ce dernier "une balle dans la tête", "vous pouvez être le plus sage des sages, il n'y a plus rien à faire". Mais il assure: "j'ai tué personne, j'ai rien commandité".
Mohamed Abrini dénonce à son tour ses conditions de détention
Mohamed Abrini est lui-aussi interrogé sur ses conditions de détention. Il évoque ses premiers mois en prison après son arrestation en 2016 et dénonce "la torture psychologique" vécus dans les établissements néerlandophones.
"La privation de sommeil, vous prenez des coups, même les avocats ne sont pas respectés, on a craché sur son tapis de prière, on a pissé sur mon Coran, j'ai vu des choses incroyables. Il fallait presque leur rappeler qu'on était des êtres humains."
Mohamed Abrini reconnaît toutefois que ce qu'il a vécu est "sans commune mesure avec ce qu'on vécu les familles des victimes" des attentats."
"Moi je fais partie de ceux qui n'ont pas réussi", dit Mohamed Abrini
Mohamed Abrini est désormais interrogé sur son parcours. Issu d'une famille de six enfants, il a eu "une enfance normale". "J'ai été à l'école, j'ai grandi, j'ai joué au foot en club de mes 5-6 ans jusqu'à mes 19-20 ans", explique-t-il.
Il est interrogé sur son passé de délinquant aux multiples condamnations, la première six jours avant sa majorité. Entre ses allers-retours en prison, Mohamed Abrini a eu plusieurs petits boulots.
"Bien sûr on peut réussir mais si vous mettez dans la balance ceux qui ont réussi et ceux qui n'ont pas réussi... Moi je fais partie de ceux qui n'ont pas réussi."
L'accusé évoque aussi ses "échecs scolaires, sportifs".
Quels liens avec les accusés?
"A Molenbeek c'est petit, tout le monde se connaît", dit Salah Abdeslam pour expliquer ses liens avec les autres accusés.
Il y a d'abord Mohamed Abrini. "On s'est connu très jeune. Ses parents n'ont jamais fait de problème à qui que se soit, ils sont très appréciés dans le quartier", explique-t-il. Mohamed Abrini placé juste derrière lui rigole.
Salah Abdeslam évoque les autres accusés, Mohamed Amri avec qui il allait boire des verres ou manger au restaurant. Hamza Attou ou Ali Oulkadi, c'étaient plutôt les amis de son frère Brahim, le kamikaze du Comptoir Voltaire.
Puis il y a Abdelhamid Abaaoud, tué lors de l'assaut du Raid dans l'immeuble de Saint-Denis où il s'était rentranché au lendemain des attaques.
"Je l'ai connu depuis mon plus jeune âge. Je crois que j'avais 11 ans. Abaaoud c'était mon ami, je traînais tous les jours avec lui."
Resto, bars, casino, la vie d'avant de Salah Abdeslam
Très calmement, Salah Abdeslam continue de répondre aux questions de la cour. Il y a des sujets sur lesquels il ne souhaite pas répondre, comme ses anciennes petites amies. Il accepte toutefois de revenir sur sa vie d'avant les attentats.
Le président revient sur le fait qu'il sortait, allait au restaurant, buvait des verres avec des amis.
"Ouais, avant oui. J'étais comme ça. Je suis né en Belgique, j'ai été à l'école publique, je vivais comme on m'avait appris à vivre ici en Occident", dit-il.
Sur le fait qu'il sortait en boite de nuit? "Je dansais pas, je suis pas vraiment un danseur." Sur le fait qu'il se rendait au casino? "Ca m'arrivait. Je jouais aux jeux qu'il y a au casino. Je n'ai pas de préférence, c'était histoire de me divertir."
Salah Abdeslam liste également les voyages, la France "déjà", la Chine, "un voyage touristique", la Turquie, le Maroc "avec la famille".
Les conditions de détention de Salah Abdeslam
Salah Abdeslam est interrogé sur ses conditions de détention depuis 2016 à la prison de Fleury-Mérogis: "Je peux dire que j'ai des visites régulièrement de ma mère, ma tante, de ma soeur aussi." Elles viennent le voir "une fois par mois".
L'accusé reçoit également la visite de ses frères "plus occasionnellement". Il a également des contacts téléphoniques, "ça se limite une heure le matin et une heure l'après-midi".
Avec les agents pénitentiaires, c'est "bonjour, au revoir, c'est tout. Il n'y a pas forcément de contact
ça veut pas dire que je suis renfermé, si on discute avec moi, je discute."
Salah Abdeslam répond aux paroles du président de la cour qui lit un rapport de la direction de l'administration pénitentiaire. L'institution, qui rapporte un comportement "assez calme et respectueux", évoque quelques incidents avec des refus de fouille intégrale, des discussion où il aurait eu des mots déplacés envers les agents. Le président rappelle également une période où Abdeslam était persuadé qu'on voulait l'empoisonner.
L'accusé, à la carrure sportive, explique aussi qu'hormis la promenade et le sport "une heure le matin et une heure l'après-midi", il n'avait pas d'autres activités.
Salah Abdeslam répond à toutes les questions
Premier à être interrogé par le président de la cour spéciale d'assises, Salah Abdeslam répond à toutes les questions. "On commence par vous, c'est l'ordre alphabétique qui veut ça", dit en préambule le magistrat.
"Je suis d'origine marocaine, je suis né en Belgique, mais je n'ai que la nationalité française", dit Salah Abdeslam, d'une voix fluette, laissant transparaître un léger accent belge.
Il revient ensuite sur sa famille. "Je suis le 4e d'une fratie de 5. J'ai trois grand frère, et une petite soeur." Il évoque son frère ainé "magasinier", puis Brahim "que vous connaissez". Il parle de "Abdeslam Mohamed". "Il travaillait pour la commune, il était le secrétaire du bourgmestre, il a été licencié parce que c'est mon frère."
Interrogé sur son enfance qu'il qualifie de "très simple", Salah Abdeslam se rappelle d'"une bonne ambiance, il y a toujours eu une bonne ambiance".
"J'étais quelqu'un de calme, gentil, qui obéissait à ses parents", dit l'accusé.
Les accusés dans le box
Les accusés sont arrivés dans le box. Ils échangent avec leurs avocats.
Salah Abdeslam, gilet gris, chemise et masque noir, est présent, installé tout à droite du box. Mohamed Amri est assis entre lui et Mohamed Abrini.
Le président de la cour avait séparé Abdeslam et Abrini alors que les deux accusés discutaient pendant les débats.
Mohamed Abrini, l'ami d'enfance d'Abdeslam, interrogé également
Après Salah Abdeslam, c'est son ami d'enfance Mohamed Abrini, "l'homme au chapeau" qui sera entendu.
Lors d'une brève prise de parole au début du procès, il avait reconnu sa participation dans les attaques mais s'était défendu d'en être le commanditaire, comme la justice le soupçonne.
Farid Kharkhach puis Yassine Atar seront ensuite interrogés.
Retrouvez notre article quand la cour a donné la parole aux accusés lors de la deuxième semaine du procès.
Salah Abdeslam entendu aujourd'hui
Salah Abdeslam sera le premier à être entendu ce mardi. Depuis le début du procès, il a maintenu appartenir à l'Etat islamique, être "un combattant" et a justifié les attentats par l'intervention de la France en Irak et en Syrie. Une intervention qui avait glacé la cour d'assises alors que le jihadiste estimait qu'il n'y avait "rien de personnel" contre les victimes lors des attaques.
Le seul membre encore en vie des commandos du 13-Novembre va être interrogé sur son parcours. Depuis son arrestation le 18 mars 2016 à Molenbeek en Belgique, Salah Abdeslam était resté muet face à la justice.
Qui sont les accusés qui comparaissent devant la cour d'assises spéciale?
Vingt personnes ont été renvoyées devant la cour d'assises spéciale de Paris pour les attentats de Paris et de Saint-Denis. 14 d'entre elles comparaissent physiquement, six autres, dont 5 sont présumées mortes, sont jugées par défaut.
Retrouvez notre article sur les 20 accusés qui sont jugées pour les attentats du 13-Novembre.
La parole aux accusés
Pendant quatre jours, la cour d'assises spéciale de Paris donne la parole aux accusés. Les 14 personnes qui comparaissent vont être interrogées pour la première fois.
Ils vont être interrogés sur leur personnalité, leur parcours scolaire et professionnel mais aussi leur casier judiciaire.
L'aspect religieux a été exclu de cet interrogatoire. Ce qui étonne les avocats de Salah Abdeslam qui estime que cet aspect "fait partie intégrante de (sa) personnalité".
Les accusés ne seront pas non plus questionnés sur les faits qui leur sont reprochés.