Emeutes de Moirans: un scénario identique aux incidents de l'A1

Des gens du voyage ont saccagé, mardi, une commune de l’Isère, mettant notamment le feu à des carcasses de voiture. A l’origine de ces incidents, la demande d’une permission de sortie de prison d’un membre de la communauté, pour assister à un enterrement. Des débordements qui rappellent le scénario du blocage de l’autoroute A1, en août dernier.

Ce n'est pas la première fois qu'ils expriment leur colère par la force. La revendication violente exprimée mardi par des gens du voyage, à Moirans, dans l'Isère, face à un premier refus de la justice d'accorder une permission de sortie à l'un des leurs pour des obsèques, n'est pas inédite. Voitures brûlées, routes bloquées, ces débordements ne sont pas sans rappeler d'autres incidents, survenus fin août, dans la Somme. 

> Incidents similaires après la fusillade de Roye

Fin août 2015, une soixantaine de personnes avaient en effet formé un barrage sur l'autoroute A1, dans la Somme, pour réclamer que le fils d'une des victimes de la fusillade de Roye, incarcéré pour d'autres faits, puisse sortir pour assister aux funérailles de son père. Le 28 août, une fusillade dans un camp de gens du voyage installé à Roye avait fait quatre morts et trois blessés. Trois membres d'une même famille, une jeune femme de 19 ans, sa fille de neuf mois et son beau-père, ainsi qu'un un gendarme de 44 ans, avaient été tués par un homme de 73 ans, qui avait été mis en examen et écroué. 

Après plusieurs heures de blocage de l'autoroute, et au lendemain d'un refus du juge d'application des peines, la Cour d'appel d'Amiens avait finalement autorisé le détenu à sortir de prison pour se rendre aux obsèques.

Toutefois, comme dans le cas des violences de Moirans, ces faits n'avaient pas été suivis d'interpellations. 

> Les obsèques, une cérémonie importante chez les gens du voyage

Assister aux funérailles d'un défunt est un rituel essentiel au sein de la communauté des gens du voyage, ce qui peut expliquer la similarité des scénarios de Moirans et Roye.

"La veillée, l'enterrement, sont des signes importants d'appartenance à une communauté", fait valoir Marc Bordigoni, anthropologue au CNRS, interrogé par BFMTV. "Le fait d'être absent à une cérémonie est un phénomène de troubles", explique-t-il.

Adrienne Sigel, avec Florent Bonnard et Olivier Jouglard