Echanges acerbes entre BHL et Eric Dupond-Moretti

BHL et Eric Dupond-Moretti. - AFP
Le combat fait rage. Deux semaines après être sorti de l'arène de la cour d'assises spécialement constituée pour juger Abdelkader Merah, son défenseur livre un autre combat. Eric Dupond-Moretti est questionné, voire attaqué, sur les paroles qu'il a prononcées lors du procès du frère du tueur au scooter, partiellement acquitté du chef de "complicité d'assassinats terroristes". En cause notamment: avoir rappelé lors de l'audition de la mère des frères Merah que cette dernière "a perdu un fils".
Au lendemain du verdict de la cour d'assises spéciale de Paris, le ténor du barreau avait parlé du "procès le plus difficile" de sa carrière, estimant que les débats avaient manqué de dignité. Et défendant avec ardeur le droit à la défense de tout citoyen. "J’ai revu le procès de Nuremberg et je l’ai trouvé plus digne", lançait Dupond-Moretti sur France Inter. De quoi faire bondir Bernard Henri-Lévy.
"Bougre" vs "chauffeur de Rolls en gants blancs"
Le philosophe, dans une tribune publiée dans La règle du jeu, dénonce le comportement et les propos de celui qui, "auréolé de la victoire à la Pyrrhus" - une victoire obtenue au prix de terribles pertes - "sur un ton de solennité surfaite et un peu ridicule", avec une "voix tremblant d'une émotion feinte", a rappelé que la mère de Mohamed Merah avait "elle aussi perdu un fils". "Obscénité", "indécence", "outrage", les critiques acerbes se multiplient à l'encontre de l'avocat, qualifié de "bougre".
Les mots de BHL ne sont pas passés inaperçus. Vingt-quatre heures plus tard, la réponse a fusé. "Il ne manquait que votre plume dans ce débat", ironise Eric Dupond-Moretti, s'en prenant "au vide abyssal" comblé par le philosophe. "La forme est parfaite, comme souvent, mais c'est l'injure qui vous tient lieu d'argument", rétorque l'avocat, qui renvoie BHL à ses "effets chemise Charvet", faisant référence aux chemises blanches ouvertes qu'il arbore en toute situation.
"Je vous interdis de disserter publiquement sur ma sincérité et ses élans sans me connaître", met en garde le ténor, notant que lorsque les deux hommes se sont rencontrés, BHL s'était comporté tel "un chauffeur de Rolls en gants blancs".
EDM "pas au niveau" pour BHL
Citant enfin le peintre Magritte, qui avait qualifié le critique Dupierroux de "vieille pompe à merde", l'avocat assure avec dérision n'avoir "ni le talent, ni l'audace de ce dernier". Cette conclusion d'Eric Dupond-Moretti aurait pu mettre un terme à ces échanges acerbes. C'était sans compter sans le franc-parler de Bernard Henri-Lévy. Pour BHL, l'avocat "n'est pas au niveau". "Le pauvre Monsieur Dupond-Moretti me répond en geignant que je ne le considère pas assez", tacle le philosophe dans L'Express. "Et en ressortant, me concernant, les clichés les plus éculés qu'on lit depuis 40 ans - chemise blanche et compagnie."
Et d'ajouter: "S'il est aussi piteux dans la défense de ses clients que dans la réponse à ses adversaires, je plains ses clients."
Plus agressif, BHL s'en prend aux rêves de Dupond-Moretti, celui "de se mesurer aux ténors qui l'ont précédé et qui ont su dans le passé, assurer des vraies grandes défenses dites de rupture". Parlant d'Henri Leclerc, un autre grand pénaliste, "il n'en a ni le panache, ni la rigueur morale". Et de conclure avec ironie et condescendance: "Je me mets à sa place: il perd sur les deux tableaux. Ça ne doit pas être très drôle. "