Drogues: le marché de la cocaïne en passe de dépasser celui du cannabis en France

Des lots de cocaïne, aux douanes de Lille (ILLUSTRATION) - Jody Amiet - AFP
La poudre blanche toujours en hausse. Le marché de la cocaïne continue de s'étendre dans l'Hexagone, au point d'être en passe de devenir le plus gros marché de drogue illicites en termes de valeur, dépassant ainsi le cannabis, selon un nouveau rapport de l’Observatoire des drogues et des tendances addictives (OFDT) sur la consommation en 2023, paru ce lundi 27 janvier.
"En 2023, 1,1 million de Français ont pris au moins une fois (de la cocaïne) dans l'année contre 600.000 en 2017", rapporte l'OFDT.
L'Observatoire des drogues évoque une "croissance rapide" de ce marché, dans un contexte plus global "d'augmentation significative des niveaux de production mondiale".
L'Hexagone comme zone importante de transit
Selon l'OFDT, cette croissance survient dans un "contexte d’explosion de la production mondiale grâce aux gains de productivité et l’optimisation du trafic".
"La position géographique de la France la rend particulièrement vulnérable à cette variation de production", estime l'OFDT.
Ce dernier souligne notamment que "les frontières terrestres de l’Hexagone font d’elle une zone de transit pour la cocaïne en provenance d’autres ports".
Elle met par ailleurs en avant le fait que la France possède "le deuxième domaine maritime mondial avec plus de 20.000 kilomètres de frontières maritimes avec 30 États". Le pays possède également des territoires d'Outre-mer "proches des grandes zones de production".
Malgré cette hausse, l'OFDT indique qu'à la fois le trafic de cocaïne et le nombre de volumes saisis ont baissé dans le port du Havre en 2023, après le renforcement des mesures de sécurité. Cette diminution est loin d'être anodine, puisqu'elle a permis une baisse de 16% des saisies de cocaïne entre 2022 et 2023.
Près de 130 tonnes de cannabis saisies en 2022
Le cannabis représente malgré tout toujours le plus gros marché de drogues illicites dans l'Hexagone, avec jusqu'à 128,6 tonnes interceptées en 2022, un record, et 5 millions de consommations annuels.
Parmi les saisies réalisées, celles de cannabis sous forme d'herbe sont notamment en croissance, puisqu'elles passent de 6% en 2013 à 30% en 2023.
L'observatoire des drogues note par ailleurs une augmentation de la teneur moyenne en THC, la principale molécule active du cannabis, dans les lots saisis, que ce soit lors des ventes faites de façon physique ou en ligne. Des variétés de cannabis au THC très concentré, et donc aux effets plus importants sur les consommateurs, ont fait leur apparition.
Une sophistication des trafics
Le marché de la MDMA, appelée ecstasy lorsqu'elle est consommée sous forme de comprimés, se situe loin derrière le cannabis et la cocaïne, mais connaît une nette augmentation elle aussi.
En 2023, plus de 4 millions de comprimés d'ecstasy ont été interceptés par les forces de l'ordre en France. Mais là encore, la situation de la France, en carrefour, joue un rôle primordial sur les chiffres recensés, puisque seulement 30% des comprimés étaient destinés au marché hexagonal, le reste étant en transit avant d'être destinés notamment au Royaume-Uni et à la Turquie.
L'Observatoire des drogues note globalement que les différents marchés de stupéfiants sont marqués par une "concurrence intense entre les trafiquants", mais aussi un "perfectionnement des pratiques de vente" avec notamment le développement du recours au numérique pour à la fois "promouvoir" les produits, entrer en contact avec des clients ou encore développer un réseau de vente.