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Police-Justice

Dijon: 30 ans requis contre Fabien, accusé d'avoir tué et découpé sa compagne

L'avis de recherche diffusé par la police au moment de la disparition de Marion B., en février 2012.

L'avis de recherche diffusé par la police au moment de la disparition de Marion B., en février 2012. - -

L'avocat général a dépeint Fabien S., jugé pour le meurtre de sa compagne de 21 ans, comme pétri de "mensonge et de violence". Décrit comme normal par les experts, l'accusé avait argué la veille une scène de ménage qui avait mal tourné.

Depuis trois jours, la Cour d'assises de Dijon tente de comprendre le mécanisme qui a mené un jeune homme de 24 ans, au casier judiciaire vierge, à tuer sa compagne et à découper son corps en morceaux. Fabien S., qualifié par son avocat "d'une normalité confondante", a-t-il été pris dans un engrenage? Ou bien est-on en présence d'un "manipulateur", comme l'a décrit la mère de la victime? Mercredi, l'avocat général a penché pour cette seconde thèse, et réclamé 30 ans de réclusion criminelle.

En ouverture d'audience, Fabien S. a lui-même demandé à ce qu'on le condamne "à la perpétuité". "Etrange déclaration", a remarqué la présidente de la Cour, citée par Le Bien public qui suit le procès en direct. La veille, pour expliquer son geste, le jeune homme avait dépeint une scène de ménage qui avait mal tourné.

Le corps découpé par "peur"

Ce soir du 15 janvier 2011, en pleine dispute avec Marion, sa compagne de 21 ans, il lui avait serré le cou parce qu'il "ne voulait plus entendre ce qu'elle disait". La jeune femme s'était effondrée au sol et il lui avait serré le cou de nouveau. "Je ne voulais pas qu'elle recommence à m'insulter."

Il avait ensuite laissé le corps plusieurs jours dans l'appartement du couple, avant de le sectionner à la scie. Question de la présidente: "Comment peut-on découper le corps de celle qu'on peut aimer?" "La peur", avait répondu Fabien S. "La peur de savoir qu'on a pu tuer quelqu'un, la peur de décevoir beaucoup de gens et vouloir laisser l'espoir" à la famille de Marion.

Sans pathologie mentale

Depuis lundi, les différents témoins appelés à la barre ont décrit les "prises de tête" du couple, une jeune femme jalouse et possessive, un jeune homme parfois violent, une relation à la fois fusionnelle et conflictuelle. Mardi, les experts psychiatres ont dépeint un jeune homme ordinaire, voire banal, sans pathologie mentale.

Mais Fabien S. a aussi su faire preuve de froideur. Pour acheter une scie "quinze heures après le meurtre", comme l'indique l'avocat général cité par Le Bien public. Pour serrer le cou de sa compagne pendant trois longues minutes, le temps qu'il faut pour donner la mort, selon un médecin légiste. Pour mentir aux enquêteurs, puis à la mère de la jeune femme et à l'employeur de Marion, après la diffusion d'un avis de disparition en février 2011.

Pour l'avocat général, le jeune homme a "calculé ses gestes". Pour lui, les traits majeurs de sa personnalité sont "le mensonge et la violence".

Mathilde Tournier