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Police-Justice

Dijon: jugé pour avoir tué et découpé sa compagne en morceaux

L'avis de recherche diffusé par la police au moment de la disparition de Marion B., en février 2012.

L'avis de recherche diffusé par la police au moment de la disparition de Marion B., en février 2012. - -

Fabien S., un jeune homme au casier judiciaire vierge, a avoué avoir étranglé sa compagne en février 2012, avant de découper son corps en morceaux pour s'en débarrasser. La Cour d'assises de Côte-d'Or a trois jours pour tenter de comprendre ce geste.

Qui est vraiment Fabien S.? Ce Sarthois de 26 ans, au casier judiciaire vierge et décrit par son avocat comme "d'une normalité confondante", a avoué en février 2012 le meurtre de sa jeune compagne et la découpe de son cadavre. Il comparaît depuis lundi, et pour trois jours, devant les assises de Côte-d'Or.

Marion B., 21 ans, était saisonnière dans la restauration. C'est en Corse qu'elle avait rencontré Fabien S., serveur comme elle, en 2009. Ensemble, les jeunes gens étaient ensuite partis travailler à la station des Deux-Alpes. Là, première incartade. Dominique, la mère de Marion, témoigne dans le Journal de Saône-et-Loire que sa fille l'avait un jour "appelée à 4 heures du matin en larmes pour [lui] dire qu'il l'avait tapée".

Mensonges et aveux

Marion était restée avec son compagnon. Le couple s'était installé à Dijon. Le 8 février 2012, les parents de la jeune femme, inquiets de ne pas avoir de ses nouvelles, avaient signalé sa disparition au commissariat. Auprès des enquêteurs qui s'étaient rendus à l'appartement, le jeune homme s'était montré rassurant. Auprès de la mère de Marion aussi: il lui avait dit qu'elle était partie faire des courses. A son employeur, il avait argué qu'elle était partie voir sa famille.

Prise de doute, la mère de Marion s'était tout de même rendue à l'appartement, le 10 février, pour constater que le jeune homme avait à son tour disparu.

Deux semaines plus tard, Fabien S. est interpellé en région parisienne. Il craque dès sa première audition en garde à vue. Explique qu'il a étranglé Marion au cours d'une dispute, dans la nuit du 15 au 16 janvier. Entreposé le corps plusieurs jours dans l'appartement, avant de le découper en trois morceaux et de le transporter dans un caddie pour l'éparpiller en trois endroits différents de Dijon.

"Pour un rien, ça pouvait partir en vrille"

Lundi matin, au premier jour de son procès, le jeune homme a clamé qu'il "aimait Marion, et qu'il l'aimait encore malgré ce qu'[il] avait fait". Il a aussi assuré qu'il "ne voulait pas la tuer ce soir-là", relate le quotidien régional Le Bien public qui suit le procès.

D'elle, il parle de crises et de jalousie. Avant l'audience, l'avocate de la famille de Marion a dépeint une jeune femme "très aimante, mais aussi possessive". Appelée à la barre, la mère de l'accusé est venue souligner leur relation compliquée. "Pour un rien, ça pouvait partir en vrille", témoigne-t-elle, citée par Le Bien Public. Le dernier employeur du couple relève aussi leurs "prises de tête".

Mais le calme apparent, les mensonges calculés du jeune homme après le meurtre et la froide dispersion du corps viennent à l'encontre d'une simple explication de pulsion fatale. Pour Dominique, la mère de Marion, Fabien S. est "un manipulateur".

"Consommation d'alcool"

Faut-il trouver une autre explication dans les addictions qui semblaient miner le jeune homme? Après une enfance décrite sans problème, l'accusé a dépeint lundi une adolescence marquée par une plongée dans la drogue. Du cannabis, il avait glissé vers des substances plus dures, LSD puis cocaïne. Son avocat, Me Emmanuel Toureille, a également admis "un fond de violence déshinibé par la consommation d'alcool".

"Sans l'alcool et la drogue, pas mal de choses auraient été différentes dans ma vie", a-t-il observé lundi, cité par Le Bien public. "Mais le soir (du meurtre) de Marion, ni drogue, ni alcool", a rétorqué l'avocat général.

Alors, ce soir? "On s'est disputé. Je voulais qu'elle se taise, qu'elle arrête de m'insulter. Je l'ai étranglée. J'y arrivais plus."

"Attentif et prévenant"

S'il n'existe dans aucun commissariat de France une trace de plainte ou de main courante contre lui, Fabien S. avait tout de même, selon l'avocate de la victime Me Delphine Baldini, "déjà été mis en cause pour des violences sur une précédente compagne".

Ces faits se sont produits à l'âge de 18 ans, contre son ex petite amie. Appelée à témoigner, celle-ci a néanmoins indiqué que cet incident violent avait été unique en cinq ans de vie commune. Elle dépeint un garçon "attentif", "prévenant" et jure qu'elle "n'aurait pas pensé qu'il puisse en arriver là".

Ces pistes posées, la Cour d'assises va devoir désormais les creuser pendant deux jours, pour décortiquer la mécanique qui mène à l'horreur. Le verdict est attendu mercredi.

Mathilde Tournier