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Police-Justice

Deux jours après l'agression de Condé-sur-Sarthe, les surveillants de prison maintiennent la pression 

Des surveillants de prison manifestent devant le centre pénitentiaire de Marseille-Baumettes, ce 7 mars

Des surveillants de prison manifestent devant le centre pénitentiaire de Marseille-Baumettes, ce 7 mars - Boris HORVAT / AFP

Les surveillants pénitentiaires manifestent à nouveau leur colère, ce jeudi. Des dizaines d'actions et de blocages de prisons ont été organisées à travers la France. Ce jeudi matin, une centaine de "matons" bloquaient notamment l'accès à la prison d'Alençon/Condé-sur-Sarthe, où deux des leurs ont été agressés par un détenu radicalisé, mardi.

"Juste le droit de se faire tuer. Stop. Surveillants en danger", peut-on lire sur une banderole déployée devant le centre pénitentiaire d'Alençon/Condé-sur-Sarthe. Les surveillants pénitentiaires manifestent à nouveau leur colère, ce jeudi, en organisant des dizaines d'actions et de blocages de prisons à travers la France pour la deuxième journée consécutive. Mardi, deux de leurs collègues ont été grièvement poignardés par un détenu radicalisé à la prison d'Alençon/Condé-sur-Sarthe. 

A 10h00 ce matin, dix prisons étaient toujours bloquées, "en attente de libération par les forces de sécurité intérieures", indique l'administration pénitentiaire. Une demi-heure plus tôt, FO faisait état d'un tout autre bilan : 80 établissements bloqués en France, sur un total de 188. Les surveillants auraient été "délogés dans une vingtaine d'établissements", selon le syndicat majoritaire. 

En Essonne, devant Fleury-Mérogis, la plus grande prison d'Europe, le blocage a ainsi été levé par les forces de l'ordre aux environs de 09h00, "à coup de lacrymos et de matraques", rapporte le délégué local FO Thibault Capelle.

"On veut une revalorisation sécuritaire, indemnitaire et statutaire"

"On veut une revalorisation sécuritaire, indemnitaire et statutaire. On veut arrêter de bosser dans des conditions de merde", fulmine le responsable syndical. "Les établissements sont devenus des cercueils, donc on préfère mettre les collègues en sécurité en les bloquant". 

Une colère partagée de Nantes à Nice en passant par Villepinte (Seine-Saint-Denis), et au premier chef par les surveillants de la prison d'Alençon/Condé-sur-Sarthe. Mardi, le RAID y est intervenu après l'agression de deux de leurs collègues à coups de couteaux en céramique.

L'opération s'est soldée par l'interpellation de Michaël Chiolo, 27 ans, qui purgeait une peine de 30 ans et s'est radicalisé en prison. Elle a également débouché sur la mort de sa compagne, retranchée avec lui pendant près de dix heures dans l'unité de vie familiale de la prison.

Deuxième jour de blocage à la prison de Condé

Depuis, l'établissement, l'un des plus sécurisés de France, est "complètement bloqué", selon Emmanuel Guimaraes, délégué FO pénitentiaire national. "Le stock de nourriture (...) est épuisé depuis hier soir. Et il ne reste plus que 17 surveillants dans la prison alors qu'il en faut 105 pour une journée entière", ajoute-t-il. Seules les ERIS (équipes régionales d'intervention et de sécurité) arrivées mardi ont été relevées mercredi, précise-t-il encore. 

Ce jeudi matin, une centaine de surveillants bloquaient toujours l'accès à la prison. Quatre barrages de pneus enflammés, de palettes et de vieux meubles, avaient été érigés, sous l'oeil de plusieurs dizaines de gendarmes mobiles stationnés sur place. 

Mercredi soir, le Premier ministre Edouard Philippe a reconnu sur notre antenne "une défaillance", "probablement dans la fouille des visiteurs". "Il faut immédiatement essayer de la comprendre et de la corriger", a-t-il déclaré. Selon lui, la Garde des Sceaux a "immédiatement lancé une enquête". 

Clémentine Piriou avec AFP