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Police-Justice

Deuil, temps du silence révolu et rétablissement de la vérité: pourquoi la famille d'Alexia s'est confiée

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Pendant de longues semaines, après le meurtre de leur fille, puis les aveux de l'époux de celle-ci, Jonathann Daval, la famille d'Alexia s'est tue. Elle vient, les parents de la victime en tête, d'accorder une interview à BFMTV.

"Alexia aurait eu trente ans le 18 février, c'est un cap énorme à passer pour moi. Et puis, on voit des choses qui ne sont pas à l'image d'Alexia dans la presse, on veut rétablir la vraie Alexia". C'est ainsi qu'Isabelle Fouillot, la mère d'Alexia Daval que son époux Jonathann a avoué avoir tuée, a résumé la décision familiale de s'exprimer sur BFMTV dans un entretien diffusé ce lundi sur notre antenne. En plus d'Isabelle Fouillot, son époux, Jean-Pierre, Stéphanie leur autre fille, et son mari, Grégory participaient à cette entrevue. 

L'avocat des parents endeuillés, Jean-Marc Florand, a appuyé la raison maternelle:

"Je crois qu’il y a un temps pour le silence et puis il y a un temps pour la parole. Ça fait quasiment un mois à quelques jours près que Jonathann Daval a été mis en examen pour le meurtre d’Alexia et incarcéré. Alexia aurait eu trente ans le 18 février. Ils ont pensé que le temps du silence était passé, le temps de la parole venu, notamment pour rétablir la vérité concernant leur fille qui a été beaucoup salie ces derniers temps."

"Il n'y a pas de haine" 

Le conseil a mis en avant l'ampleur du choc qu'ont représenté pour ses clients les aveux de Jonathann Daval: "Depuis dix ans, ils ont un Jonathann qui est parfait. Depuis trois mois, il vivait au domicile de mes clients et il a toujours fait preuve d’un grand amour et d’une grande compassion à l’égard de mes clients qu’il aimait sincèrement." Il a ajouté: "Pour eux, ce n’est même pas tomber de l’armoire mais du ciel. Et ils découvrent un Jonathann totalement inconnu qui a pu se montrer violent, qui s’accuse d’avoir donné la mort à leur fille dans des conditions très difficiles."

A ce pénible contraste vient se greffer l'attitude du suspect durant trois mois de dissimulation: "Si tel est bien le cas, Jonathann Daval a joué une comédie effrayante depuis la mort d’Alexia", a en effet indiqué Jean-Marc Florand. 

Et c'est le secret de ce basculement d'un Jonathann à l'autre, d'un gendre bien sous tout rapport à un meurtrier, que les époux Fouillot veulent percer, a assuré leur avocat. Toutefois, il a affirmé que leur démarche était dénuée de toute haine et de tout ressentiment: "Il n’y a pas de haine chez les parents d’Alexia. C’est un sentiment qu’ils ne connaissent pas. Ce sont des gens qui sont chrétiens, je pense que ça les aide, ce sont des gens qui ont beaucoup d’amour mais qui ne connaissent pas la haine".

"Double deuil" 

Sarah-Lou Cohen, chef du service police-justice de BFMTV, a souligné que l'interview permettait d'apercevoir la solidarité de la famille: 

"On sent une famille très entourée, très épaulée et extrêmement soudée dans l’adversité. C'est aussi une famille effondrée parce que, s’ils sont très dignes et ont parfois retenu leurs larmes, ils se tiennent la main en raison d'une forme de pudeur mais qui est anéantie. Ils ont perdu Alexia et, on l’a compris, un gendre qui était considéré comme un fils. Quand ils disent double deuil, c’est comme si Jonathann Daval était mort pour eux."

Découvrant quelques extraits, plus tôt ce lundi, de l'entretien, Sophie Baron-Laforêt, psychiatre et membre de l'association française de criminologie, a posé que l'enjeu de cette prise de parole était selon elle un "recentrage" psychologique: "Je les entends se recentrer sur leur fille, sur la victime et essayer d’écarter tout ce qui était leur gendre et à quel point pendant plusieurs jours ce gendre s’est montré sous une autre face. C'est comme un réflexe où on les sent très soudés autour d’elle."

Robin Verner