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Police-Justice

"Délinquance d'opportunité": comment la criminalité s'adapte au confinement

A Paris 150 points de contrôle sont tenus par la préfecture de police.

A Paris 150 points de contrôle sont tenus par la préfecture de police. - BFMTV

Si le nombre de gardes à vue est en baisse sur le territoire, les autorités déplorent l'apparition d'une forme de "délinquance d'opportunité" liée à la crise sanitaire du coronavirus.

L'épidémie de coronavirus va révéler "ce que l'humanité a de plus beau et aussi ce qu'elle a de plus sombre", soulignait récemment Edouard Philippe. Force est de constater que l'adage s'adapte tout à fait à la criminalité en France. Alors que les autorités constatent une baisse du nombre global de gardes à vue, notamment en matière de trafic de stupéfiants ou de cambriolages, elles assistent à l'émergence d'une nouvelle "criminalité d'opportunité" liée à la crise sanitaire.

Le nombre de gardes à vue divisé par 3 ou 4

Alors que la plupart des Français sont désormais confinés chez eux, les cambriolages des domiciles sont, logiquement, plus compliqués à exécuter. Les autorités assistent à une baisse globale de la criminalité sur le territoire:

"Il y a un tassement global de l’activité et le nombre des gardes à vue a été divisé par trois ou quatre par endroits depuis le confinement, parce que certains malfaiteurs craignent, comme tout le monde, pour leur santé et qu’il est plus facile de déjouer nos surveillances en se fondant dans la population", indique au FigaroJérôme Bonet, directeur central de la police judiciaire.

"Il n'y a plus de matos"

Après avoir connu un pic de consommation avant l'annonce officielle du confinement, le trafic de drogue est en chute libre depuis lundi dernier. Tandis que les consommateurs ne peuvent plus sortir de chez eux, les chaînes de ravitaillement ont été bloquées par le rétablissement des contrôles aux frontières dans la plupart des pays européens. 

"Il n'y a plus de matos, puisque tout est livré des Pays-Bas", déplore un dealer interrogé par Le Parisien lundi. 

"Sur le plan international, les trafics de drogue ne faiblissent pas car les zones de production tout comme les vecteurs d’acheminement restent actifs", nuance toutefois le directeur central de la police judiciaire.

"Délinquance d'opportunité"

La criminalité sait se faire une place, même en période de crise sanitaire, constatent les autorités. "La délinquance s'adapte aux circonstances", confirme au micro de RTL ce mardi Rémy Heitz, le procureur de Paris.

"S'il y a moins de délinquance sur la voie publique, il peut y avoir une délinquance d'opportunité. Nous avons des affaires de trafic de masques et de gel hydroalcoolique dans des pharmacies, des parapharmacies", ajoute-t-il. 

Comme nous vous l'évoquions ici, les trafics en tout genre liés au coronavirus se multiplient sur le territoire. Dès le 7 mars, trois hommes, soupçonnés d'avoir tenté de revendre à Maisons-Alfort (Val-de-Marne) près de 40.000 masques périmés, ont été mis en examen pour escroquerie en bande organisée. Jeudi dernier encore, les policiers parisiens ont saisi dans des épiceries et des pharmacies 2580 masques destinés uniquement au personnel médical.

Le confinement propice aux violences domestiques

De même, Rémy Heitz redoute une hausse des violences domestiques, alors que les femmes victimes de violences conjugales peuvent se retrouver isolées avec un homme violent. Il assure que le parquet de Paris est particulièrement vigilant sur la question. 

"Le confinement peut générer un terreau propice aux violences intra-familiales", remarquait récemment Marlène Schiappa sur Twitter. 

Jérôme Bonet craint surtout un "effet boomerang" à la fin du confinement. Lorsque les Français profiteront des beaux jours à l'air libre et que le trafic de stupéfiant, les délits routiers ou les cambriolages pourront reprendre de plus belle. 

Esther Paolini