Dans la gendarmerie, les suicides ont baissé depuis les attentats de novembre

Des forces de gendarmerie le 4 février 2013, à Paris. - Loïc Venance - AFP
L'an dernier, 25 gendarmes ont mis fin à leurs jours. Trois de plus qu'en 2014. Une hausse qui préoccupe le lieutenant-colonel Matelly, qui note que le taux de suicide est plus important chez les forces de l'ordre que dans la population française. Lui préside l'association professionnelle GendXXI, qui existe depuis près d'un an, date à laquelle les militaires ont été autorisés à former pour la première fois de tels groupes, qui permettent de libérer la parole.
Comment expliquer cette surmortalité par suicide chez les forces de l'ordre?
Il est très difficile pour nous d'identifier les motifs d'un passage à l'acte. Ce n'est que depuis l'an dernier que la direction de la gendarmerie mène une enquête de causalité en interne après chaque suicide. Or, jusqu'à présent, les résultats ne sont jamais rendus publics. Toutefois, on peut identifier certains facteurs: par exemple, certaines décisions hiérarchiques passent parfois très mal et peuvent peser sur le moral des militaires.
A quelles décisions hiérarchiques faites-vous référence?
Par exemple, dans la gendarmerie, pour porter une arme hors service, les militaires doivent adresser une demande très motivée, qui n'aboutit que rarement. Résultat, certains ont la perception d'un manque de confiance de la hiérarchie, et se sentent dévalorisés par rapport aux policiers sur ce point. Autre exemple, une prime très importante a été mise en place pour les hauts gradés de la gendarmerie, dite IFR. Les hommes et les femmes de terrain ont la sensation d'être oubliés et de ne pas compter en voyant que de tels budgets sont dégagés pour les titulaires de commandement, alors qu'il n'y en a pas pour remplacer leurs gilets pare-balles.
Notez-vous un changement depuis le 13 novembre?
Bizarrement, depuis les attentats, il y a une baisse des suicides chez les gendarmes, quatre décès ont été enregistrés contre neuf en moyenne sur la décennie. Tout en restant très prudent, il nous semble possible de l'expliquer par le fait que le sentiment d'engagement et de mobilisation est plus fort dans les troupes. En effet, l'absence d'estime de soi et le sentiment d'inutilité peuvent peser très fort sur la désespérance de quelqu'un. Toutefois, attention à ce phénomène, car sur le long terme, ce sentiment d'être utile pourrait être émoussé par la sensation d'un engagement sur le terrain juste à des fins de gesticulation politique.