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Police-Justice

Compiègne: une famille dont les fils dealaient expulsée de son HLM

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La ligne de conduite des HLM de la ville se durcit pour poursuivre systématiquement et faire expulser les locataires qui se livrent aux trafics de stupéfiants.

La quatrième procédure fut la bonne pour l'office HLM de l'Oise. Comme le révèle Le Monde, il a obtenu le 27 février auprès de la cour d'appel d'Amiens, l'expulsion pour "troubles de jouissance" d'une locataire dont les fils, majeurs et mineurs, se livraient à un trafic de stupéfiants. Vincent Peronnaud Directeur général de l'Office public d'aménagement et de construction (Opac) HLM de l'Oise veut croire que son "opiniâtreté", comme il l'a dit au Courrier Picard, a fini par payer: "Nous avons décidé de réclamer systématiquement, en justice, la résiliation du bail de locataires qui se livrent à de tels trafics ou hébergent des trafiquants condamnés, et nous les expulserons sans état d’âme", expliquait-il préalablement au Monde

La famille sera donc contrainte, deux mois après la fin de la trêve hivernale, de quitter le Square Baudelaire, au Clos-des-Roses, à l'issue d'une bataille judiciaire de 7 ans. Les HLM de l'Oise avaient été déboutés à trois reprises avant d'obtenir gain de cause.

Pour Leila, une riveraine qui a témoigné sans montrer son visage aux caméras de RMC, cette décision est "un peu injuste". Selon elle, l'expulsée "n'est pas directement liée à ses enfants qui sont grands et savent ce qu'ils ont à faire". Elle pointe au contraire une défaillance des services de l'Etat, police et justice, dans ce dossier. Mais "les parents ont aussi une responsabilité dans l'éducation de leurs enfants", oppose Arnaud Dumontier, président de l'office HLM interrogé par RMC.

La manière forte

En janvier 2017, l'Opac avait lancé l'offensive dans ce quartier de Compiègne. Une trentaine de logements avaient été murés pour faire échec aux trafics. Arnaud Dumontier a affirmé au Courrier Picard, qu'il veut "adresser un message fort à tous ceux qui s'adonnent à ce commerce mortifère", à savoir qu'ils "risquent l'expulsion". D'après lui, l'un des fils était un dealer d'envergure puisqu'il participait "à un réseau international, du Brésil au Sénégal en passant par Compiègne". Soit quelque "150 à 200 clients pas jour". Cannabis, héroïne, crack, ecstasy faisaient l'objet de ce commerce, liste Le Monde

Outre le trafic et l'insécurité, deux des fils ont été condamnés pour voie de fait en 2010 et pour trafic de stupéfiants en 2015 et 2017, ces nuisances représentent un coût important pour l'office. "Près de 500.000 euros de frais" de réfection des cages d'escaliers qui avaient servi d'entrepôt. 

Pour les offices d'HLM en première ligne sur les problèmes sociétaux par quelques-uns, délinquance et graves nuisances pour les autres locataires, l'enjeu est une meilleure coordination avec la justice. Ainsi, note encore Le Monde, les HLM d'Ile-de-France insistent pour qu'il soit dûment indiqué dans les procès verbaux et condamnations pénales que "les délits ont eu lieu dans l'immeuble ou la résidence des dealers (...) afin d'exercer, ensuite, leur droit à expulsion devant le tribunal civil". 

D. N.