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Police-Justice

Center Parcs de Roybon: stop ou encore?

La justice va décider ce jeudi de suspendre, ou non, les travaux en cours pour le projet du Center Parcs de Roybon, en Isère.

La justice va décider ce jeudi de suspendre, ou non, les travaux en cours pour le projet du Center Parcs de Roybon, en Isère. - Philippe Desmazes - AFP

Le tribunal administratif de Grenoble a repoussé à mardi sa décision concernant Center Parcs de Roybon, en Isère. En jeu: la poursuite des travaux. Une audience qui s'annonce déjà décisive pour l'avenir de ce projet très contesté.

C'est un projet controversé sur lequel planent les ombres de Sivens et Notre-Dame-des-Landes. Le tribunal administratif de Grenoble doit décider de suspendre, ou non, les travaux du Center Parcs de Roybon, en Isère. Une audience décisive a eu lieu jeudi, durant trois heures, mais le tribunal rendra sa décision mardi prochain.

Saisi de pas moins de quatre requêtes, le juge des référés n'aura pas à se prononcer sur la pertinence de ce projet de village du groupe Pierre & Vacances, qui doit accueillir mille cottages avec bulle tropicale sur 200 hectares, au coeur de la forêt de Chambaran. Le magistrat devra simplement décider de suspendre ou non le défrichement au vu de la légalité de deux arrêtés pris par le préfet de l'Isère, les 3 et 16 octobre.

Ces arrêtés ont fait office de feu vert au démarrage des travaux: l'un autorise le projet au titre de la loi sur l'eau tandis que l'autre permet la destruction d'une cinquantaine d'espèces protégées ou de leur habitat (amphibiens, reptiles, écureuils, écrevisses à pieds blancs, etc).

Un rassemblement silencieux prévu par les opposants

L'association Pour les Chambaran sans Center Parcs (PCSCP) a appelé à un rassemblement silencieux jeudi avant 10 heures, heure du début de l'audience. "Il y a des arguments très sérieux" en faveur de l'annulation de ces arrêtés, estime Raymond Avrillier, militant écologiste grenoblois et grand spécialiste des recours administratifs.

Les opposants comptent s'appuyer sur le travail de la commission d'enquête publique au titre de la loi sur l'eau, qui a rendu en juillet un avis unanimement défavorable au projet en citant douze points rédhibitoires, parmi lesquels l'impact du projet sur les zones humides, l'insuffisance des mesures compensatoires ou les incidences sur les risques de crue.

"Il faut écouter ce que disent les commissions d'enquête, il faut réajuster les projets en fonction de ce qui est dit", a déclaré la ministre de l'Ecologie Ségolène Royal, mardi matin sur notre antenne, dans des propos plus critiques qu'il y a quelques semaines, lorsqu'elle avait sobrement indiqué ne pas vouloir se substituer aux élus locaux.

Un projet "amélioré"?

Un tel rapport "totalement défavorable" d'une commission d'enquête publique, "c'est rare", a pour sa part estimé l'ex-ministre de l'Environnement et avocate Corinne Lepage en appelant à "revoir les choses de manière beaucoup plus approfondie". 

La préfecture fait, elle, valoir que le groupe de tourisme et d'immobilier Pierre & Vacances a amélioré son projet et répondu à toutes les critiques de la commission d'enquête, par exemple "en proposant la renaturation et l'amélioration de zones humides dégradées sur une surface de 152 hectares".

"On est très critiques sur les conditions de cette amélioration, rétorque Francis Meneu, président de la Frapna (Fédération Rhône-Alpes de protection de la nature) Isère. En tout cas, cela n'a pas été débattu". Il juge qu'"une nouvelle enquête publique aurait dû être menée car des éléments nouveaux, inconnus du public, ont été présentés".

De nombreux recours

La préfecture rétorque que "le public a été très largement consulté sur ce projet" avec cinq enquêtes publiques organisées depuis 2009.

Les opposants attaquent en outre le manque de motivation des arrêtés préfectoraux, le non-respect, selon eux, de la procédure de consultation du Conseil national de la protection de la nature ou un défaut de recherche de lieux alternatifs d'implantation.

"On n'est pas contre l'implantation d'un Center Parcs en Isère sauf que le lieu a été bien mal choisi: c'est le château d'eau de la Drôme, une forêt magnifique", fait valoir Christian Brély, président de la Fédération de pêche de la Drôme qui a déposé un recours au tribunal.

Confiant dans ses chances de succès, Eric Posak, avocat de l'association PCSCP, estime qu'une suspension des travaux apporterait "un apaisement" après les tensions des dernières semaines, avivées par l'arrivée de militants "zadistes" sur le site. Lancé en 2007, le Center Parcs a déjà fait l'objet de nombreux recours. Vendredi, la région Rhône-Alpes a pris ses distances avec le projet, son président Jean-Jack Queyranne (PS) appelant à "revoir" le dossier avant de lui accorder une subvention, votée en 2009.
Jé. M. avec AFP