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Police-Justice

Ce qu'il s'était passé lors de l'incendie de la cathédrale de Nantes en juillet 2020

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L'homme qui s'est rendu ce lundi matin aux gendarmes en affirmant avoir tué un prêtre à Saint-Laurent-Sur-Sèvre (Vendée) est celui soupçonné d'avoir incendié la cathédrale de Nantes en juillet 2020.

Il était déjà passé aux aveux pour une autre affaire. L'homme de nationalité rwandaise soupçonné d'avoir tué ce lundi le Père Olivier Maire en Vendée avait reconnu en juillet 2020 avoir mis le feu à la cathédrale de Nantes. Ancien bénévole de l'édifice, il avait été remis en liberté dans l'attente de son procès et accueilli depuis par la communauté des Montfortains.

L'annonce de son implication dans ces deux drames a touché les catholiques et indigné la classe politique française qui ne s'est pas privée d'attaquer le laxisme de la justice. Quel était son implication et sa situation judiciaire? Retour sur l'incendie de la cathédrale de Nantes et l'avancée du dossier depuis près d'un an.

La piste criminelle rapidement privilégiée après l'incendie

Il est environ 7h45 ce samedi 18 juillet 2020 lorsque des passants voient des flammes au niveau de la rosace de la cathédrale gothique de Saint-Pierre-et-Saint-Paul de Nantes. Ils alertent aussitôt les secours et plus d'une centaine de pompiers sont mobilisés pour éteindre au plus vite l'incendie. Celui-ci ne sera circonscrit que vers 10 heures. Aucune victime n'est à déplorer, mais le grand orgue a été détruit, la verrière et des vitraux ont été brisés et des pierres éclatées ont été retrouvées. Plusieurs membres du gouvernement se rendent alors sur place pour afficher leur soutien au diocèse.

Un expert incendie est sollicité pour tenter de comprendre par où sont parties les flammes qui ont partiellement ravagé la cathédrale. Le procureur de la République indique alors qu'il n'y avait non pas un mais trois départs de feu dans le lieu de culte.

Une enquête pour "incendie volontaire" est rapidement ouverte par le parquet de Nantes et confiée à la police judiciaire de la ville. Problème: aucune effraction n'est constatée dans les accès extérieurs à la cathédrale. Les enquêteurs s'intéressent alors à celles et ceux qui peuvent accéder à l'édifice et notamment les bénévole de la paroisse.

Des aveux devant le juge

Ils s'intéressent particulièrement à l'un d'entre eux, un réfugié de 39 ans natif du Rwanda. Ce dernier a envoyé un mail à tout le diocèse peu de temps avant l'incendie dans lequel il déplore le non-renouvellement de son titre de séjour. Il se trouve alors sous le coup d'une obligation de quitter le territoire français (OQTF) depuis le mois de mars 2020.

Son parcours ainsi que sa responsabilité qui était celle d'assurer la sécurité de la cathédrale -c'est à lui qu'incombait la fermeture du bâtiment la veille de l'incendie- motive les enquêtes à le placer en garde à vue. La première exploitation de la vidéosurveillance ne donne toutefois rien et le bénévole rwandais sort libre de sa garde à vue.

Quelques jours plus tard, des traces d'hydrocarbures sont relevées, confirmant la piste criminelle jusqu'ici privilégiée par la police. Celle-ci dispose également de nouvelles images de vidéosurveillance qui montrent le bénévole sortir du bâtiment quelques minutes seulement après le premier appel reçu par les pompiers.

De nouveau placé en garde à vue, il nie à nouveau être impliqué devant les enquêteurs. Ce n'est que lorsqu'il est présenté à un juge en vue de sa mise en examen qu'il avoue être à l'origine des différents départs de feu.

Son avocat Me Quentin Chabert avait alors expliqué le "soulagement" de son client. "C'est quelqu'un qui est effectivement apeuré, qui est en quelque sorte dépassé", expliquait-il sur BFMTV.

Placé sous contrôle judiciaire dans l'attente de son procès

Mis en examen pour "destructions et dégradations par incendie", le bénévole est alors placé en détention provisoire une semaine après l'incendie de la cathédrale. Il est toutefois remis en liberté fin mai 2021 et placé sous contrôle judiciaire, dans l'attente de son procès dont la date n'avait pas encore été fixée. Il vivait alors parmi la communauté des Montfortains, dirigée par le Père Olivier Maire.

Un contrôle judiciaire qui empêchait toute obligation de quitter le territoire français comme l'a relevé le ministre de l'Intérieur Gérald Darmanin. Pris en charge dans un hôpital psychiatrique de fin juin à fin juillet, l'homme était retourné à la communauté des Montfortains.

Hugues Garnier Journaliste BFMTV